domingo, 14 de outubro de 2012

Traité sur les articles de Foi et sur les sacrements de l’Église


Saint Thomas d’Aquin,
à l’Archevêque de Palerme

Editions Louis Vivès, 1857
Traduction vérifiée et corrigée par Charles Duyck, juin 2005
Édition numérique, http://docteurangelique.free.fr, 2005
Les œuvres complètes de saint Thomas d’Aquin

Sancti Thomae de Aquino
De articulis Fidei et Ecclesiae sacramentis
ad archiepiscopum Panormitanum




Prooemium

    De articulis Fidei, pr. Postulat a me vestra dilectio ut de articulis fidei et Ecclesiae sacramentis aliqua vobis compendiose pro memoriali transcriberem, cum dubitationibus quae circa haec moveri possent. Verum cum omne theologorum studium versetur circa dubietates contingentes articulos fidei et Ecclesiae sacramenta, si ad plenum vestrae petitioni satisfacere vellem, oporteret totius theologiae comprehendere summatim difficultates: quod quantum sit operosum, advertit vestra prudentia. Unde ad praesens vobis sufficiat, si articulos fidei et Ecclesiae sacramenta breviter vobis distinguam, et qui errores sunt circa quemlibet eorum vitandi.

 

PROLOGUE


Votre affection vous fait me demander de vous transcrire en abrégé, et comme pour mémoire, quelques réflexions sur les articles de foi et les sacrements de l’Eglise, avec les doutes qui peuvent être agités sut ces mêmes sujets et ces mêmes sacrements. Mais comme l’attention tout entière des théologiens a pour objet les hésitations qui touchent les articles de foi et les sacrements de l’Eglise, si je voulais satisfaire pleinement à votre demande, il faudrait embrasser sommairement toutes les difficultés de la théologie: votre esprit sagace comprend tout ce qu’un semblable travail comporte de pénible. Qu’il vous suffise donc pour le moment que je vous distingue brièvement les articles de foi et les sacrements de l’Eglise, ainsi que les erreurs à éviter par rapport à chacun d’eux.

Pars 1 : De articulis fidei

De articulis Fidei, pars 1 In primis igitur vos scire oportet, quod tota fides Christiana circa divinitatem et humanitatem Christi versatur. Unde Christus voce Ioannis loquens ait, Ioan. XIV, 1: creditis in Deum, et in me credite. Circa utrumque autem horum a quibusdam sex, a quibusdam septem articuli distinguuntur: et sic omnes articuli secundum quosdam duodecim, secundum quosdam quatuordecim esse dicuntur. Primo igitur sex articulos sic distinguunt circa fidem divinitatis. Sunt enim circa divinitatem tria consideranda, scilicet unitas divinae essentiae, Trinitas personarum, et effectus divinae virtutis. Primus igitur articulus est ut credamus essentiae divinae unitatem, secundum illud Deut. VI, 4: audi Israel: dominus Deus tuus, Deus unus est. Contra hunc autem articulum plures errores vitandi occurrunt. Primo quidem quorundam gentilium sive Paganorum, ponentium plures deos, contra quos dicitur Exod. XX, 3: non habebis deos alienos coram me. Secundus est error Manichaeorum, qui ponunt duo principia esse: unum a quo sunt omnia bona, aliud a quo sunt omnia mala, contra quos dicitur Isai. XLV, 6: ego dominus non est alter formans lucem, et creans tenebras, faciens pacem, et creans malum: quia ipse secundum suam iustitiam infligit malum poenae, cum esse conspicit in sua creatura malum culpae. Tertius est error Anthropomorphitarum ponentium unum Deum, sed dicentium eum corporeum, et ad modum humani corporis formatum, contra quos dicitur Ioan. IV, 24: spiritus est Deus; et Isai. XL, 18: cui similem fecistis Deum, aut quam imaginem ponetis ei? Quartus est error Epicureorum ponentium quod Deus non habet providentiam et scientiam de rebus humanis, contra quos dicitur I Petr. ult., 7: omnem sollicitudinem proiicientes in eum, quoniam ipsi cura est de vobis. Quintus error est quorundam gentilium philosophorum dicentium Deum non esse omnipotentem, sed quod solum potest ea quae naturaliter fiunt, contra quos dicitur in Psal. CXIII, 3: omnia quaecumque voluit, dominus fecit. Omnes igitur hi derogant unitati divinae essentiae vel perfectioni, unde contra omnes ponitur in symbolo: credo in unum Deum patrem omnipotentem.

 

Première partie : Les articles de la foi

 

1. Dieu le Père


Il vous faut d’abord savoir que la foi chrétienne tout entière repose sur la divinité et l’humanité du Christ. C’est ce qui fait dire à Jésus-Christ par la bouche de saint Jean, ch. XIV, 1 : “Vous croyez en Dieu; croyez aussi en moi.” Mais il en est quelques-uns qui, sur chacun de ces points, distinguent six articles, d’autres sept; ce qui fait que, d’après quelques-uns, les articles sont au nombre de douze, d’autres disent au contraire, qu’il y en a quatorze. Premièrement donc, ils distinguent ainsi six articles ayant pour objet la foi en la divinité. Il y a en effet trois choses à observer touchant la divinité; à savoir l’unité de l’essence divine, la Trinité des personnes et les effets de la puissance divine. Le premier article consiste donc à croire en l’unité d’essence, d’après ce passage du Deutéronome, ch. VI, 4 : “Ecoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est le seul Dieu.” On rencontre sur cet article plusieurs erreurs qu’il nous faut éviter.
La première, c’est qu’il est parmi les gentils ou païens, quelques individus qui posent en principe qu’il y a plusieurs dieux. C’est contre eux qu’il est dit dans l’Exode, ch. XX, 3 : “Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.”
La seconde, c’est celle des Manichéens qui admettent l’existence de deux principes; l’un d’où vient tout ce qui est bon, l’autre d’où découle tout ce qui est mauvais. C’est contre eux qu’il est dit dans Isaïe, ch. XLV, 6 : “Je suis le Seigneur, il n’y en pas d’autre, je forme la lumière et je crée les ténèbres, je fais la paix et je crée le malheur.” Parce que lui-même inflige suivant sa justice le mal du châtiment, lorsqu’il voit exister dans sa créature le mal de la faute.
La troisième erreur, c’est celle des partisans de l’anthropomorphisme, qui admettent un seul Dieu, mais qui le disent corporel, et formé sur le modèle du corps humain. C’est contre eux qu’il est écrit dans saint Jean, ch. IV, 24 : “Dieu est esprit;” dans Isaïe, ch. XL, 18 : “A qui ferez-vous ressembler Dieu, quelle image trouverez-vous de lui ? “
La quatrième, c’est celle des Epicuriens, qui soutiennent que Dieu ne peut ni prévoir ni connaître les choses humaines. Il est dit dans la première Épître de saint Pierre contre eux, ch.V, 7 : “Déchargez-vous de tout souci sur lui, puisqu’il est chargé de prendre soin de vous.”
La cinquième, c’est celle de certains philosophes païens qui affirment que Dieu n’est pas tout-puissant, mais qu’il peut seulement agir sur ce qui arrive naturellement; il est écrit contre eux au Psaume CXIII, 3 : “Le Seigneur fait tout ce qu’il veut.” Ils dérogent donc à l’unité ou à la perfection de l’essence divine tous ceux qui soutiennent ces erreurs; c’est pour cela qu’il est écrit dans le Symbole, contre eux tous: “Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, etc.”

Secundus articulus est, quod sunt tres personae divinae in una essentia, secundum illud I Ioan. ult., 7: tres sunt qui testimonium dant in caelo, pater, verbum et spiritus sanctus: et hi tres unum sunt. Contra hunc autem articulum sunt plures errores. Primus fuit Sabellii, qui posuit unam essentiam, sed Trinitatem personarum negavit, dicens, quod una persona quandoque dicitur pater, quandoque filius, quandoque spiritus sanctus. Secundus est error Arii, qui posuit tres personas, sed negavit unitatem essentiae, dicens filium esse alterius substantiae a patre, et esse creaturam, et minorem patre, et sibi non coaequalem nec coaeternum, sed quod incepit esse postquam non fuerat, et contra hos duos errores dicit dominus, Ioan. X, 30: ego et pater unum sumus, quia, ut dicit Augustinus, quod dicit unum, liberat te ab Ario; quod dicit sumus, pluraliter, liberat te a Sabellio. Tertius est error Eunomii, qui posuit filium dissimilem patri, contra quem dicitur Coloss. I, 15: qui est imago Dei invisibilis. Quartus est error Macedonii, qui posuit spiritum sanctum esse creaturam, contra quem dicitur II Corinth. III, 17: dominus autem spiritus est. Quintus est error Graecorum, qui dicunt spiritum sanctum procedere a patre, sed non a filio, contra quos dicitur Ioan. XIV, 26: Paraclitus autem spiritus sanctus, quem mittet pater in nomine meo: quia scilicet eum mittit pater tanquam spiritum filii, et a filio procedentem, et Ioan. XVI, 14, dicitur: ille me clarificabit, quia de meo accipiet. Et contra hos omnes errores in symbolo dicitur: credo in Deum patrem (...) et in filium eius unigenitum, non factum, consubstantialem patri (...) et in spiritum sanctum dominum et vivificantem qui ex patre filioque procedit.

 

2. La Trinité


Le second article, c’est qu’il y a trois personnes en une seule essence divine, d’après ces paroles de saint Jean (1 Jn 5, 7) : “Il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, le Verbe et l’Esprit saint, et ces trois ne sont qu’un seul.” Il y a aussi plusieurs erreurs sur cet article de foi.
La première, c’est celle de Sabellius qui a admis l’unité de l’essence, mais qui a nié la Trinité des personnes, disant: Qu’une seule personne est tantôt appelée Père, tantôt Fils et tantôt Saint Esprit.
La seconde, c’est celle d’Arius qui a admis la Trinité des personnes, mais qui a nié l’unité d’essence, disant: Que le Fils est d’une autre substance que le Père, qu’il est une créature, qu’il est inférieur au Père, qu’il ne lui est ni égal ni coéternel, qu’il a commencé d’être après le temps où il n’avait pas été. Le Seigneur dit en saint Jean contre ces deux erreurs, ch. X, 30 : “Le Père et moi nous sommes un.” Ce qui fait, comme dit saint Augustin, que, en disant « Un », il délivre de l’erreur d’Arius, et en disant : « Nous sommes », au pluriel, il délivre de celle Sabellius.”
La troisième, c’est celle d’Eunomius qui a avancé que le Fils n’est pas semblable au Père. L’Apôtre dit, contre cette erreur, dans son Epître aux Colossiens, ch. I, 15 : “Il est l’image du Dieu invisible.”
La quatrième, c’est celle de Macédonius qui a soutenu que le Saint Esprit est une créature. Il est dit contre lui dans la deuxième Épître aux Corinthiens, ch. III: “Or le Seigneur, c’est l’esprit.”
La cinquième est celle des Grecs, qui soutiennent que le Saint Esprit procède du Père, mais qu’il ne procède pas du Fils. Il est écrit dans saint Jean, contre eux, ch. XIV, 26 : “Mais le Paraclet, l’Esprit-Saint, que le Père vous enverra en mon nom,” c’est-à-dire que le Père l’envoie comme l’Esprit de son Fils et comme procédant du Fils. On lit dans saint Jean, ch. XVI, 14 : “Il me glorifiera, parce qu’il recevra de moi.” Il est dit dans le Symbole contre toutes ces erreurs: “Je crois en Dieu le Père… et en son Fils unique qui n’a pas été créé, consubstantiel au Père; je crois au Saint Esprit qui est Seigneur, qui vivifie, qui procède du Père et du Fils.”

Alii vero quatuor articuli divinitatis pertinent ad effectus divinae virtutis, quorum primus, qui est tertius, pertinet ad creationem rerum in esse naturae, secundum illud Psalm. CXLVIII, 5: dixit et facta sunt. Contra hunc articulum primo quidem erravit Democritus et Epicurus, ponentes quod nec materia mundi nec ipsa mundi compositio est a Deo, sed quod mundus est casu factus per concursum corporum indivisibilium, quae rerum principia aestimabant, contra quos dicitur in Psal. XXXII, v. 6: verbo domini caeli firmati sunt, idest secundum rationem aeternam, non autem casu. Secundus est error Platonis et Anaxagorae, qui posuerunt mundum factum a Deo, sed ex materia praeiacenti, contra quos dicitur in Psal. CXLVIII, 5: mandavit, et creata sunt, idest ex nihilo facta. Tertius est error Aristotelis, qui posuit mundum a Deo factum non esse, sed ab aeterno fuisse, contra quod dicitur Genes. I, 1: in principio creavit Deus caelum et terram. Quartus est error Manichaeorum, qui posuerunt Deum factorem invisibilium, sed visibilia a Diabolo facta, contra quos dicitur Hebr. XI, 3: fide intelligimus aptata esse saecula verbo Dei, ut ex invisibilibus visibilia fierent. Quintus est error Simonis magi et Menandri eius discipuli, et multorum aliorum haereticorum eos sequentium, qui creationem mundi non Deo, sed Angelis attribuunt, contra quos dicit Paulus Act. XVII, v. 24: Deus qui fecit mundum, et omnia quae in eo sunt. Sextus est error eorum qui posuerunt, Deum per seipsum non gubernare mundum, sed per quasdam potestates sibi subiectas, contra quos dicitur Iob. XXXIV, 13: quem constituit alium super terram, aut quem posuit super orbem quem fabricatus est? Et contra hos errores dicitur in symbolo: factorem vel creatorem caeli et terrae, visibilium omnium et invisibilium.

3. Dieu créateur


Mais, pour ce qui est des quatre autres articles touchant la divinité, ils appartiennent aux effets de la puissance divine, et le premier d’entre eux, qui est le troisième article de foi, concerne la création des choses dans l’être de leur nature, selon ces paroles du Psaume 148, 5 : “Il a ordonné, et elles ont été faites.” Démocrite et Epicure furent les premiers qui errèrent sur cet article, posant en principe que ni la matière du monde, ni son organisation ne sont l’œuvre de Dieu, mais que le monde est l’effet du hasard, créé par la rencontre de corps invisibles [= d’atomes] qu’ils estimaient être le principe des choses. Il est dit contre eux, au Psaume XXXII, 6 : “Les cieux ont été formés par la parole de Dieu,” c’est-à-dire, selon une raison éternelle, et non par l’effet du hasard.
La deuxième erreur, c’est celle de Platon et d’Anaxagore, qui posèrent en principe que le monde est l’œuvre de Dieu, mais qu’il a été fait avec une matière préexistante. Il est écrit contre eux, Psaume CXLVIII, 5 : “Il a commandé, et toutes choses ont été créées,” c’est-à-dire qu’elles ont été faites de rien.
La troisième, c’est celle d’Aristote, qui a dit que le monde n’est pas l’œuvre de Dieu, mais qu’il a été dès l’éternité. Il est écrit contre cela au livre de la Genèse, ch. I, 1 : “Au commencement Dieu créa le ciel et la terre.”
La quatrième est celle des Manichéens, qui avancèrent que Dieu est le créateur des choses invisibles, mais que le diable est l’auteur de celles qui sont visibles. Il est écrit contre eux dans l’Epître aux Hébreux, ch. XI, 3 : “Nous reconnaissons, par la foi, que les siècles ont été disposés par le Verbe de Dieu, si bien que les choses visibles ont eu une cause invisible.”
La cinquième est celle de Simon le Magicien et de Ménandre, son disciple, et de plusieurs autres hérétiques qui marchèrent sur leurs traces; ils attribuent la création du monde, non pas à Dieu, mais aux anges. Saint Paul dit contre eux au dix-septième chapitre des Actes (17, 24) : “C’est Dieu qui a créé le monde et tout ce qu’il contient.”
La sixième est l’erreur de ceux qui dirent que Dieu ne gouverne pas le monde par lui-même, mais par l’intermédiaire d’agents qui lui sont soumis. Job dit contre eux, ch. XXXIV, 13 : “Quel autre a-t-il établi sur la terre ? ou, qui a-t-il préposé au gouvernement de l’univers, qui est l’œuvre de ses mains ? “ Il est dit, dans le Symbole, contre ces erreurs: “Auteur ou créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles.”

Quartus articulus pertinet ad effectum gratiae, per quam vivificatur Ecclesia a Deo, secundum illud Roman. III, v. 24: iustificati gratis per gratiam ipsius, scilicet Dei: et sub articulo isto comprehenduntur omnia sacramenta Ecclesiae, et quaecumque pertinent ad Ecclesiae unitatem, et dona spiritus sancti, et iustitia hominum. Et quia de sacramentis Ecclesiae posterius est tractandum, de his interim supersedeamus, et alios errores contra hunc articulum exponamus. Quorum primus est Cerinthi et Ebionis, et etiam Nazaraeorum, qui dixerunt gratiam Christi non sufficienter ad salutem operari, nisi aliquis circumcisionem et alia legis mandata custodiat, contra quos dicitur Roman. III, 28: arbitramur iustificari hominem per fidem sine operibus legis. Secundus est error Donatistarum, qui posuerunt gratiam Christi solum in Africa remansisse, quia scilicet totus alius mundus communicabat Caeciliano Carthaginensi episcopo, quem ipsi condemnaverunt, et in hoc negabant unitatem Ecclesiae, contra quos dicitur ad Coloss. III, 11: in Christo Iesu non est gentilis et Iudaeus, circumcisio et praeputium, barbarus et Scytha, servus et liber; sed omnia in omnibus Christus. Tertius est error Pelagianorum, qui quidem primo negaverunt peccatum originale esse in parvulis, contra id quod dicit apostolus ad Roman. V, 12: per unum hominem peccatum in hunc mundum intravit, et per peccatum mors: ita et in omnes homines mors pertransiit, in quo omnes peccaverunt; et in Psalm. 50, 7, dicitur: ecce in iniquitatibus conceptus sum. Secundo dicunt quod principium boni operis inest homini a seipso, sed consummatio est a Deo, contra id quod dicit apostolus Philipp. II, 13: Deus est qui operatur in vobis et velle et perficere pro bona voluntate. Tertio dicunt gratiam dari homini secundum sua merita, contra id quod dicitur Rom. XI, 6: si autem gratia, iam non ex operibus: alioquin gratia iam non esset gratia. Quartus error est Origenis, qui posuit omnes animas creatas cum Angelis simul, et pro diversitate eorum quae ibi egerunt, quosdam homines vocari a Deo per gratiam, quosdam vero in infidelitate relinqui, contra quod dicit apostolus ad Rom. IX, 11: cum nondum nati essent, aut aliquid boni egissent aut mali (ut secundum electionem propositum Dei maneret) non ex operibus, sed ex vocante dictum est ei, quia maior serviet minori. Quintus error est Cathaphrygiarum, idest Montani, Priscae, et Maximillae qui dicunt, prophetas quasi arreptitios fuisse, et quod non prophetaverunt per spiritum sanctum, contra quos dicitur II Petr. I, 21: non enim voluntate humana allata est aliquando prophetia; sed spiritu sancto inspirati locuti sunt sancti Dei homines. Sextus est error Cerdonis, qui primo dixit, Deum legis et prophetarum non esse patrem Christi, nec bonum Deum esse, sed iustum: patrem vero Christi bonum esse; quem etiam Manichaei secuti sunt, legem reprobantes: contra quos dicitur Roman. VII, 12: lex quidem sancta, et mandatum sanctum et iustum et bonum: et ibid. I, 2, dicitur: quod ante promiserat per prophetas suos in Scripturis sanctis de filio suo. Septimus error est eorum qui quaedam quae ad perfectionem vitae pertinent, asserunt esse ad necessitatem salutis. Quorum quidam fuerunt qui se arrogantissime apostolos vocaverunt, qui nullam spem putant habere salutis eos qui coniugibus utuntur, et propria possident. Alii vero, scilicet Tatiani, non vescuntur carnibus, et eas omnino abominantur, secundum illud apostoli I ad Timoth. IV, 1-3: in novissimis temporibus discedent quidam a fide, attendentes spiritibus erroris, et doctrinis Daemoniorum, in hypocrisi loquentium mendacium et cauteriatam habentium suam conscientiam, prohibentium nubere, et abstinere a cibis, quos Deus creavit ad percipiendum cum gratiarum actione fidelibus, et his qui cognoverunt veritatem. Dicunt enim quod promissio de adventu spiritus sancti non fuit in apostolis completa, sed in eis, contra illud quod dicitur Act. II. Eutychiani etiam dicunt homines non posse salvari nisi continue orent, propter illud quod dominus dicit Luc. XVIII, 1: oportet semper orare, et non deficere: quod sic accipitur, secundum Augustinum, ut nullum diem praetermittant circa orandi opera. Alii vero qui Passalonitae dicuntur, intantum silentio student, ut naribus et labiis digitum apponant: passalos enim Graece dicitur palus, et ranchos nasus. Quidam etiam dicunt, quod homines non possunt salvari nisi semper nudis pedibus ambulent: contra quos omnes dicit apostolus I Corinth. X, 22: omnia mihi licent, sed non omnia expediunt, ex quibus datur intelligi quod licet aliqua a sanctis viris assumantur tanquam expedientia, non tamen propter hoc opposita redduntur illicita. Octavus error est eorum qui dicunt e contrario, opera perfectionis non esse praeferenda communi vitae fidelium, sicut Iovinianus posuit quod virginitas non praefertur coniugio, contra illud quod dicitur I Corinth. VII, 38: qui matrimonio iungit virginem suam bene facit; et qui non iungit melius facit; et sicut Vigilantius, qui aequavit statum divitias possidentium statui paupertatis propter Christum assumptae, contra quem dicit dominus Matth. XIX, 21: si vis perfectus esse, vade, et vende omnia quae habes, et da pauperibus, et habebis thesaurum in caelo; et veni, sequere me. Nonus error est negantium liberum arbitrium, sicut quidam negavit, dicens, animas quae sunt malae creationis, non posse non peccare, contra quos dicitur I Ioan. II, 1: haec scribo vobis ut non peccetis. Decimus error est Priscianistarum, et etiam mathematicorum dicentium, homines fatalibus stellis obligatos, ita scilicet quod eorum opera sunt necessitati stellarum subiecta, contra quos dicitur Ierem. X, 2: a signis caeli nolite metuere quae timent gentes. Undecimus error est dicentium quod homines Dei gratiam et caritatem habentes, peccare non possunt, ita quod asserunt eos qui aliquando peccaverunt, nunquam caritatem habuisse, contra quos dicitur Apocal. II, 4-5: caritatem tuam primam reliquisti: memor esto itaque unde excideris. Duodecimus error est eorum qui ea quae ab Ecclesia Dei universaliter sunt statuta, dicunt non esse observanda, sicut Aeriani, qui dicunt statuta ieiunia non esse solemniter celebranda, sed cum quis voluerit, ieiunet, ne videatur esse sub lege; et sicut Tesseradecathitae, idest Quartodecumani, qui dicunt quartadecima luna Pascha esse celebrandum, quocumque die septimanae occurreret; et eadem ratio est de quibuscumque ab Ecclesia statutis. Et contra omnes istos errores in symbolo apostolorum dicitur: sanctam Ecclesiam Catholicam, sanctorum communionem, remissionem peccatorum; et in symbolo patrum dicitur: qui locutus est per prophetas, et unam sanctam Catholicam et apostolicam Ecclesiam. Confiteor unum Baptisma in remissionem peccatorum.

 

4. La grâce


Le quatrième article concerne l’effet de la grâce par laquelle Dieu vivifie l’Eglise, d’après ces paroles de l’Epître aux Romains, ch. III, 24 : “Justifiés gratuitement par sa grâce,” c’est-à-dire par la grâce de Dieu. Cet article comprend tous les sacrements de l’Eglise, tout ce qui touche à son unité, les dons du Saint - Esprit et la justice des hommes. Comme nous aurons à traiter plus tard des sacrements, nous pouvons nous en dispenser en attendant et nous allons exposer les autres erreurs qui touchent cet article.
La première d’entre elles est l’erreur de Cérinthe et d’Ebion, ainsi que des autres Nazaréens qui enseignèrent que la grâce de Jésus-Christ n’est pas suffisante au salut, si l’on n’observe pas la circoncision et les autres préceptes de la loi. L’Apôtre dit contre eux, Epître aux Romains, ch. III, 28 : “Nous pensons que l’homme est justifié par la foi sans les œuvres de la loi.”
La seconde est l’erreur des Donatistes, qui soutinrent que la grâce de Jésus-Christ s’était conservée dans l’Afrique seule, et cela, parce que tout le monde était en communion avec Cécilien, évêque de Carthage, qu’ ils avaient condamné: en cela ils niaient l’unité de l’Eglise. Il est écrit contre eux dans l’Epître aux Colossiens, ch. III, 11 : “En Jésus-Christ, il n’y a ni Gentils, ni Juifs, ni circoncision, ni incirconcision, ni Scythe, ni barbare, ni esclave, ni homme libre, mais le Christ en tout et en tous.”
La troisième est celle des Pélagiens, qui nièrent d’abord l’existence du péché originel dans les petits enfants, contrairement à ce que dit l’Apôtre dans l’Epître aux Romains, ch. V, 12 : “Le péché est entré dans le monde par un seul homme, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé en tous les hommes, parce que tous avaient péché en lui.” Nous lisons, Psaume L, 7 : “Voici que je suis conçu dans l’iniquité.” Ils disent, secondement, que l’homme a, en lui-même et par lui-même, le principe du bien, mais que l’accomplissement d’une œuvre bonne est le fait de Dieu, contrairement à ce que dit l’Apôtre dans sa Lettre aux habitants de Philippe, ch. II, 13 : “C’est Dieu qui opère en vous le vouloir et l’agir, selon qu’il lui plaît.” Ils disent, troisièmement, contre ce qu’enseigne l’Apôtre dans l’Epître aux Romains, ch. XI, 6 que l’homme reçoit la grâce selon ses mérites. Mais la grâce ne vient pas des œuvres, car si elle en vient, dès lors la grâce n’est pas la grâce.
La quatrième est celle d’Origène qui a enseigné que toutes les âmes avaient été créées avec et en même temps que les anges, et que selon la diversité des œuvres qu’elles firent en cet état, quelques hommes sont appelés par Dieu par la grâce, d’autres sont abandonnés dans l’infidélité Cette doctrine est opposée à ce qu’enseigne l’Apôtre dans son Epître aux Romains, ch. IX, 11 : “Car, avant qu’ils fussent nés et avant qu’ils eussent fait aucun bien ni aucun mal, (afin que le décret d’élection divine subsistât, non à cause de leurs œuvres, mais à cause de l’appel de Dieu), il fut dit : L’aîné servira le plus jeune.”
La cinquième est celle des Cathaphrygiens, c’est-à-dire de Montanus, de Priscus et de Maximille, qui soutiennent que les prophètes ont été des possédés du démon, et qu’ils n’ont pas prophétisé par le Saint - Esprit. Saint Pierre dit contre eux dans sa deuxième Epître, ch. I, 21 : “Ce n’est pas, en effet, d’une volonté humaine, qu’est jamais venue la prophétie ; mais, inspirés par l’Esprit saint, les saints ont parlé de la part de Dieu.”
La sixième est celle de Cerdon, qui a d’abord dit que le Dieu de la loi et des prophètes n’est pas le Père du Christ, que Dieu n’est pas bonté mais justice ; or le Père de Jésus-Christ est bon; les Manichéens, réprouvant la loi, marchèrent sur ses traces. Il est dit contre eux dans l’Epître aux Romains, ch. VII, 12 : “La loi, à la vérité, est sainte; le commandement saint, juste et bon.” Et dans l’Epître aux Romains, ch. I, 2 : “Ce qu’il avait promis d’avance dans les Ecritures, par les prophètes, touchant son Fils.”
La septième est celle de ceux qui affirment que certaines choses, qui appartiennent à la perfection de la vie, sont nécessaires au salut. Il y en eut parmi eux qui, pleins d’arrogance, se donnèrent le nom d’apôtres; ils pensent qu’il n’y a pas d’espoir de salut pour ceux qui vivent maritalement avec leurs épouses, ou qui ont des propriétés.
Mais il y en a d’autres, à savoir les Tatianiens, qui ne mangent pas de viande; ils l’ont tout à fait en abomination. Ils réalisent ce que dit l’Apôtre dans sa première Epître à Timothée, ch. IV, 1-3 : “Dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi en suivant des esprits trompeurs et des doctrines diaboliques enseignées par des imposteurs pleins d’hypocrisie, dont la conscience est comme marquée au fer rouge, qui interdiront le mariage et l’usage des viandes que Dieu a créées pour être mangées avec action de grâce par les fidèles et par ceux qui ont reçu la connaissance de la vérité.” Ils disent, en effet, que la promesse de l’avènement du Saint Esprit ne s’est pas pleinement accomplie dans les apôtres, mais bien en eux, contrairement à ce qui est dit dans les Actes des Apôtres, ch. II. Les Eutychiens disent aussi qu’il n’est pas possible aux hommes de se sauver, à moins qu’ils ne prient sans cesse, conformément à ce que dit le Seigneur, dans saint Luc, ch. XVIII, 1 : “Il faut toujours prier et ne pas se lasser.” Il faut, d’après saint Augustin, entendre ces paroles dans ce sens, qu’il ne faut pas passer un seul jour sans prier. Mais il en est d’autres auxquels on donne le nom de Passalonites (ou Passalorynchites), - car ils s’appliquent à garder le silence -, appliquant leurs doigts sur leurs lèvres et leurs narines. « Passalos » se traduit en grec par « palus », et « ranchos » par « nasus », qui veut dire nez.
Il en est d’autres qui soutiennent que les hommes ne sauraient être sauvés, s’ils ne marchent pas continuellement nu-pieds. L’Apôtre dit, dans sa première Epître aux Corinthiens, ch. X, 22, contre tous ceux dont nous venons de parler : “Tout m’est permis, mais tout ne m’est pas avantageux.” Il nous est donné par là à entendre que, bien que certaines pratiques soient admises comme avantageuses par les saints, ce n’est pas pour cela que les pratiques opposées en deviennent illicites.
La huitième erreur est celle des hommes qui soutiennent, au contraire, qu’il ne faut pas préférer les œuvres de la perfection à la vie ordinaire des fidèles. Tel est Jovinien, qui a dit qu’il ne faut pas préférer la virginité à l’état du mariage; ce qui est contraire à ce qu’enseigne l’Apôtre dans sa première Epître aux Corinthiens ch. VII, 38 : “Celui qui marie sa fille fait bien, et celui qui ne la marie pas fait mieux encore.” Tel est encore Vigilance, qui égale l’état de celui qui possède des richesses à l’état de celui qui volontairement a embrassé la pauvreté pour Jésus-Christ. Le Seigneur dit contre lui en saint Matthieu, ch. XIX, 21 : “Si vous voulez être parfaits, allez, vendez tout ce que vous possédez, donnez-le aux pauvres, et vous aurez un trésor dans les cieux ; puis venez, et suivez-moi.”
La neuvième est celle des hommes qui nient le libre arbitre ; ainsi l’un l’a nié, disant que les âmes qui sont d’une mauvaise création sont dans l’impossibilité de ne pas pécher. Saint Jean dit contre eux dans sa première Epître, ch. II, 1 : “Je vous écris ces choses pour que vous ne péchiez point.”
La dixième erreur est celle des Pricillianistes et des mathématiciens, qui disent que les hommes sont soumis à la fatalité des étoiles, de manière que leurs actions sont soumises à la nécessité de ces mêmes étoiles. Jérémie dit contre eux, ch. X, 2: “Ne craignez pas les signes du ciel qui effraient les Gentils.”
La onzième est l’erreur de ceux qui disent que les hommes, bénéficiant de la grâce et de l’amour de Dieu, ne peuvent pas pécher; ce qui leur fait soutenir que ceux qui ont péché quelquefois n’eurent jamais la charité. Il est dit, dans l’Apocalypse II, 4-5, contre eux: “Vous avez abandonné votre premier amour, rappelez-vous d’où vous êtes tombé.”
La douzième est celle des hommes qui soutiennent qu’il ne faut pas observer ce que l’Eglise a universellement établi. Tels sont les Ariens, qui affirment qu’il ne faut pas pratiquer solennellement les jeûnes établis par l’Eglise, mais qui veulent que l’on jeûne quand on le voudra, pour ne pas paraître être sous la domination de la loi. Tels sont aussi les Tesséradécathites ou quartodécimans, qui soutiennent qu’il faut célébrer la Paque le quatorzième jour de la lune, en quelque jour de la semaine qu’il tombe; il en est ainsi de n’importe lesquelles des institutions de l’Eglise. C’est contre toutes ces erreurs qu’il est dit dans le Symbole des Apôtres: “la Sainte Église catholique; la communion des saints, la rémission des péchés.” Dans le Symbole des Pères, il est dit: “Qui a parlé par les prophètes.” (Il est encore dit) que l’Eglise est “ une, sainte, catholique et apostolique; je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés.”

Quintus articulus est de resurrectione mortuorum, de quo dicitur I Corinth. XV, 51: omnes quidem resurgemus. Contra quem etiam sunt plures errores. Quorum primus est error Valentini, qui carnis resurrectionem negavit, quem etiam plures haeretici sunt secuti: contra quem dicitur I Corinth. XV, 12: si Christus praedicatur quod resurrexit a mortuis; quomodo quidam dicunt in vobis, quoniam resurrectio mortuorum non est? Secundus est error Hymenaei et Phileti, contra quos dicit apostolus II Timoth. II, quod a veritate exciderunt, dicentes resurrectionem iam factam, vel quia non credebant nisi resurrectionem spiritualem, vel quia non credebant alios resurrecturos, nisi illos qui cum Christo resurrexerunt. Tertius est error quorundam haereticorum modernorum, qui dicunt resurrectionem futuram, non tamen eorundem corporum, sed quod animae resument quaedam corpora caelestia, contra quos apostolus dicit I Corinth. XV, 53: oportet corruptibile hoc induere incorruptionem, et mortale hoc induere immortalitatem. Quartus est error Eutychii patriarchae Constantinopolitani, qui posuit corpora nostra in resurrectione aeri vel vento similari, quod Gregorius narrat in XIV Moralium, contra quem est quod dominus post resurrectionem suam corpus suum discipulis palpandum praebuit, dicens, Luc. ult., 39: palpate, et videte, cum tamen apostolus dicat, Philip. III, 21, quod reformabit corpus humilitatis nostrae configuratum corpori claritatis suae. Quintus error est dicentium, quod corpora humana in resurrectione vertentur in spiritum, contra quos dicitur Luc. ult., v. 39: spiritus carnem et ossa non habet, sicut me videtis habere. Sextus error est Cerinthi, qui mille annos post resurrectionem in terreno regno fabulatur futuros, in quibus homines carnales ventris ac libidinis voluptates habebunt, contra quem dicitur Matth. XXII, 30: in resurrectione neque nubent neque nubentur. Quidam dixerunt etiam, quod post resurrectionem mortuorum, in eodem statu in quo nunc est, mundus manebit, contra quos dicitur Apoc. XXI, 1: vidi caelum novum et terram novam. Et apostolus dicit Roman. VIII, 21, quod ipsa creatura liberabitur a servitute corruptionis in libertatem gloriae filiorum Dei. Et contra omnes hos errores dicitur: carnis resurrectionem; et in alio symbolo: exspecto resurrectionem mortuorum.

5. La résurrection de la chair


Le cinquième article est celui de la résurrection de la chair, dont il est parlé dans la première Epître aux Corinthiens, ch. XV, 51: “Nous ressusciterons tous,” et contre lequel il y a plusieurs erreurs. La première est celle de Valentin, qui a nié la résurrection de la chair, et qu’ont suivi plusieurs hérétiques. L’Apôtre dit contre lui dans la première Epître aux Corinthiens, ch. XV, 1-2 : “Si on vous prêche que le Christ est ressuscité d’entre les morts, comment se trouve-t-il parmi vous des hommes qui osent dire qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? “
La seconde erreur est celle d’Hyménée et de Philétus. L’Apôtre dit contre eux, dans sa deuxième Epître à Timothée, ch. II, 17 : “Qui se sont écartés de la vérité, disant que la résurrection a déjà eu lieu”, ou bien parce qu’ils ne croyaient qu’à la résurrection spirituelle, ou bien parce qu’ils croyaient que ceux-là seuls ressusciteraient, qui étaient ressuscités déjà avec Jésus-Christ.
La troisième est celle de quelques hérétiques modernes qui admettent que la résurrection aura lieu, mais qui enseignent que les âmes ne reprendront pas leurs mêmes corps, mais bien certains corps célestes. L’Apôtre dit contre eux, dans la première Epître aux Corinthiens, ch. XV, 53 : “Il faut que ce corps corruptible soit revêtu de l’incorruptibilité, et que ce corps mortel soit revêtu de l’immortalité.”
La quatrième est celle d’Euthycius, patriarche de Constantinople, qui a dit, parlant de la résurrection, « que nos corps seront semblables à l’air ou au vent.” C’est ce que rapporte saint Grégoire dans son quatorzième livre de Morale. Il est écrit contre lui que le Seigneur, après sa résurrection, donna son corps à palper à ses disciples, disant, saint Luc, ch. XXIV, 39 : “Palpez et voyez,” bien que cependant l’Apôtre dise dans son Epître aux Philippiens, chap. III, 21 : “Qu’il transformera notre corps de misère, et qu’il le conformera à son corps de gloire.”
La cinquième est celle des hommes qui disent que, par la résurrection, les corps humains seront changés en esprit. Saint Luc, dans son dernier chapitre (XXIV, 39), dit contre eux: “L’esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai.”
La sixième est celle de Cérinthe, qui affabule en disant qu’après la résurrection il y aura sur la terre un règne de mille ans, pendant lesquels les hommes auront les plaisirs charnels du ventre et de la volupté. Saint Matthieu enseigne contre eux, ch. XXII, 30 : “qu’après la résurrection ils n’épouseront ni ne seront épousés.” Il en est aussi qui ont dit qu’après la résurrection des morts, le monde restera dans le même état qu’il est actuellement. Il est écrit contre eux dans l’Apocalypse, ch. XXI, 1 : “J’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle.” L’Apôtre dit dans son Epître aux Romains, ch. VIII, 21, que “la créature elle-même sera délivrée de la servitude de la corruption, pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu.” Il est dit contre toutes ces erreurs, dans le symbole: “La résurrection de la chair “ et dans un autre symbole: “J’attends la résurrection des morts.”

Sextus articulus pertinet ad ultimum effectum divinitatis, qui est remuneratio bonorum et punitio malorum, secundum illud Psalm. LXI, 12: tu reddes unicuique iuxta opera sua. Et circa hunc etiam fuerunt multi errores. Quorum primus est dicentium, quod anima moritur cum corpore, sicut Arabs asserit, vel etiam post modicum intervallum, sicut Zeno dixit, ut recitatur in Lib. de ecclesiasticis dogmatibus, contra quod est quod apostolus dicit Philip. I, 23: desiderium habens dissolvi, et esse cum Christo; et Apocal. VI, 9: vidi subtus altare Dei animas interfectorum propter verbum Dei. Secundus error est Origenis, qui posuit homines et Daemones damnatos iterum posse purgari, et redire in gloriam; et Angelos sanctos et homines beatos iterum posse deduci ad mala, quod est contra auctoritatem domini, Matth. XXV, 46: ibunt hi in supplicium aeternum; iusti autem in vitam aeternam. Tertius est error dicentium, omnes poenas et omnia praemia malorum et bonorum futuras esse aequales, contra quorum primum dicitur I Corinth. XV, 41: stella a stella differt in claritate: sic et resurrectio mortuorum: contra secundum quod dicitur Matth. XI, 22: Tyro et Sidoni remissius erit in die iudicii quam vobis. Quartus error est dicentium animas malorum non statim post mortem descendere ad Infernum, nec aliquas sanctorum animas Paradisum intrare ante diem iudicii, contra quos dicitur Luc. XVI, 22, quod mortuus est dives, et sepultus est in Inferno; et II Corinth. V, 1, dicitur: scimus enim quoniam si terrestris domus nostra huius habitationis dissolvatur, quod aedificationem ex Deo habemus domum non manu factam, sed aeternam in caelis. Quintus est error dicentium, non esse Purgatorium animarum post mortem, eorum scilicet qui in caritate decesserunt, sed aliquid purgabile habent, contra quos dicitur I Corinth. III, 12: si quis aedificaverit supra fundamentum (scilicet fidei per dilectionem operantis) lignum, foenum, stipulam (...) detrimentum patietur, ipse autem salvus erit; sic tamen quasi per ignem: et contra hos errores dicitur in symbolo, vitam aeternam. Amen.

 

6. La rétribution des saints


Le sixième article concerne le dernier des effets de la divinité, qui est la rémunération des bons et le châtiment des méchants, d’après ces paroles du Psaume LXI, 12 : “C’est vous qui rendrez à chacun suivant ses œuvres.” Sur cet article aussi, il y a une multitude d’erreurs. La première est celle des hommes qui disent que l’âme meurt avec le corps, comme l’avance Arabs, ou même un petit instant après, comme l’a dit Zenon, ainsi qu’on le lit dans le livre des Dogmes ecclésiastiques. C’est contre cette erreur que saint Paul dit dans son Epître aux Philippiens, ch. I, 23 : “J’ai le désir de m’en aller d’ici, et d’être avec Jésus-Christ.” Il est écrit dans l’Apocalypse, ch. VI, 9 : “J’ai vu dessous l’autel les âmes de ceux qui sont morts pour la parole de Dieu.”
La deuxième est celle d’Origène, qui a enseigné que les hommes et les démons pouvaient être purifiés et retourner dans la gloire, et que les anges saints et les hommes bienheureux pouvaient retourner au mal; ce qui est contraire au témoignage du Seigneur; saint Matthieu, ch. XXV, 46 : “Ceux-ci iront dans les supplices éternels, mais les justes iront dans la vie éternelle.
La troisième est l’erreur de ceux qui soutiennent que toutes les peines et toutes les récompenses seront égales. Il est dit premièrement contre eux, dans la première Epître aux Corinthiens, ch. XV, 41 : “L’étoile diffère en éclat d’une autre étoile, de même la résurrection des morts.” Il est dit en second lieu contre eux en saint Matthieu, ch. XI, 22 : “Au jour du jugement, il sera plus pardonné à Tyr et à Sidon qu’à vous.”
La quatrième est celle des hommes qui disent que les âmes des méchants ne descendent pas en enfer immédiatement après la mort, et qu’il n’entre non plus aucune âme de juste dans le paradis avant le jugement. Il est écrit dans saint Luc contre eux, ch. XVI, 22 : “Que le riche mourut, qu’il a été enseveli dans l’enfer.” Il est dit aussi dans la deuxième Epître aux Corinthiens, ch. V, 1 : “Nous savons, en effet, que si la demeure terrestre dans laquelle nous habitons est détruite, nous en avons une dans le ciel qui est l’œuvre de Dieu, qui est éternelle.”
La cinquième est l’erreur de ceux qui disent qu’après la mort il n’y a pas de purgatoire pour les âmes, c’est-à-dire pour les âmes de ceux qui sont morts dans la charité, mais auxquels il reste quelque chose à expier. L’Apôtre dit contre eux dans sa première Epître aux Corinthiens, ch. III, 12 : “Si quelqu’un a bâti sur ce fondement,” c’est-à-dire sur le fondement agissant dans l’amour,(…) avec du bois, du foin, de la paille, il subira un dommage” il sera cependant sauvé, mais ce sera comme par le feu qu’il le sera. Il est dit dans le Symbole contre toutes ces erreurs: “La vie éternelle. Ainsi soit-il.”

Alii vero qui septem articulos circa fidem divinitatis assignant, eos sic distinguunt, ut primus sit de essentiae unitate; secundus de persona patris; tertius de persona filii; quartus de persona spiritus sancti; quintus de effectu creationis; sextus de effectu iustificationis; septimus de effectu remunerationis, sub quo comprehendunt resurrectionem et vitam aeternam. Et sic dum praedictorum sex articulorum secundum dividunt in tres, quintum vero et sextum compingunt in unum, fiunt secundum eos septem articuli. Nec refert quantum ad veritatem fidei vel errorum vitationem, qualiter distinguantur.

 

7. Le nombre des articles


Mais quant aux autres, qui admettent sept articles concernant la foi en la divinité, ils les distinguent ainsi: le premier : de l’unité de l’essence, le second de la personne du Père, le troisième de celle du Fils, le quatrième, de celle du Saint Esprit, le cinquième, de la réalisation de la création, le sixième, de la réalité de la justification, le septième, de celle de la rémunération, sous lequel sont compris la résurrection et la vie éternelle.
Et ainsi, pendant que, des six articles dont nous venons de parler, ils divisent le second en trois, ils réunissent en un seul le cinquième et le sixième; ce qui fait, suivant eux, sept articles. Peu importe, quant à la vérité de la foi, la manière dont on les distingue; il en est de même pour ce qui est de l’erreur.

Nunc restat considerare articulos qui pertinent ad humanitatem Christi. Circa quam sex articulos distinguunt: quorum primus est circa conceptionem et nativitatem Christi, secundum quod dicitur Isai. VII, 14, et introducitur Matth. I, 23: ecce virgo concipiet, et pariet filium, et vocabitur nomen eius Emmanuel. Et circa hunc multi fuerunt errores, quorum primus fuit dicentium Christum fuisse purum hominem, et quod non semper fuit, sed a Maria sumpsit exordium, et iste est error Carpocratis et Cerinthi et Ebionis et Pauli Samosateni et Photini, contra quos dicitur Rom. IX, 5: ex quibus est Christus secundum carnem, qui est super omnia Deus benedictus in saecula. Secundus error est Manichaeorum dicentium, quod Christus non habuit verum corpus, sed phantasticum, contra quod est quod dominus Luc. ult., reprehendit errorem discipulorum suorum, qui conturbati et perterriti existimabant se spiritum videre; et Matth. XIV, 26: videntes eum supra mare ambulantem, turbati sunt dicentes, quia phantasma est, et prae timore clamaverunt: quorum opinionem dominus removit, dicens, vers. 27: habete fiduciam, ego sum, nolite timere. Tertius error est Valentini, qui dicit, Christum caeleste corpus attulisse, nihilque de virgine assumpsisse, sed per ipsam tanquam per rivum aut fistulam sine ulla de illa assumpta carne transisse, contra quod dicitur Galat. IV, 4: misit Deus filium suum factum ex muliere. Quartus est error Apollinaris qui dixit, aliquid verbi in carnem fuisse conversum aut transmutatum, non autem carnem de Mariae carne susceptam. Propter illud enim quod dicitur Ioan. I, 14: verbum caro factum est, intelligit quod verbum sit in carnem conversum, contra quod statim ibidem subditur: et habitavit in nobis. Non autem in nostra natura integre habitasset, si fuisset in carnem conversum. Unde intelligendum est: verbum caro factum est, idest, verbum factum est homo. Sic enim frequenter caro sumitur in Scripturis, secundum illud Isai. XL, 5: videbit omnis caro pariter quod os domini locutum est. Quintus error est Arii, qui posuit Christum humanam animam non habuisse, sed verbum fuisse loco animae, contra quod dicitur Ioan. X, 17: ego pono animam meam, ut iterum sumam eam. Nemo tollit eam a me, sed ego pono eam a meipso. Sextus error est Apollinaris, qui cum praedicto testimonio et aliis convinceretur humanam animam Christum habuisse, posuit quod Christus non habuit intellectum humanum, sed verbum Dei fuit ei loco intellectus, contra quod est quod dominus se hominem esse confitetur. Ioan. VIII, 40: quaeritis me interficere, hominem qui veritatem locutus sum vobis. Non autem fuisset homo, si anima rationali caruisset. Septimus est error Eutychis qui posuit in Christo unam naturam compositam ex divinitate et humanitate, contra quod apostolus dicit, Phil. II, 6: qui cum in forma Dei esset, non rapinam arbitratus est esse se aequalem Deo; sed semetipsum exinanivit, formam servi accipiens, in similitudinem hominum factus, et habitu inventus ut homo: manifeste distinguens in eo duas naturas, divinam et humanam. Octavus error est Monothelitarum, ponentium in Christo unam scientiam, operationem et voluntatem, contra quos dominus dicit Matth. XXVI, 39: non sicut ego volo, sed sicut tu. Ubi manifeste in Christo ponitur alia voluntas humana, alia divina, quae est communis patri et filio. Nonus error est Nestorii, qui posuit Christum, Deum perfectum, et hominem perfectum, et tamen aliam dixit esse personam Dei, aliam hominis, et quod non est facta unio Dei et hominis in una persona Christi, sed solum secundum gratiae inhabitationem, ita quod negat beatam virginem esse matrem Dei, sed dicit eam esse matrem hominis Christi, contra quod dicitur Luc. I, 35: quod nascetur ex te sanctum, vocabitur filius Dei. Decimus error est Carpocratis, qui hominem Christum de utroque natum putasse perhibetur, contra quod dicitur Matth. I, 18: antequam convenirent, inventa est in utero habens de spiritu sancto. Undecimus error est Helvidii dicentis, quod postquam beata virgo peperit filium Christum, ex Ioseph plures filios genuit, contra quod dicitur Ezech. XLIV, 2: porta haec clausa erit, et non aperietur, et vir non transibit per eam: quoniam dominus Deus Israel ingressus est per eam, eritque clausa principi. Et contra omnes hos errores in symbolo apostolorum dicitur: conceptus est de spiritu sancto, natus ex Maria virgine: et in symbolo patrum: qui propter nos homines et propter nostram salutem descendit de caelis, et incarnatus est de spiritu sancto ex Maria virgine, et homo factus est.

 

8. L’humanité du Christ


Il nous reste maintenant à examiner les articles qui concernent l’humanité du Christ; on distingue aussi six articles sur ce point. Le premier a pour objet la conception et la naissance de Jésus-Christ, d’après ce que dit Isaïe, ch. VII, 14 et que reproduit saint Matthieu, ch. I, 23 : “Voici qu’une vierge concevra: elle enfantera un fils, et il sera appelé Emmanuel.” Il y a sur cet article un grand nombre d’erreurs.
La première est l’erreur de ceux qui disent que le Christ est un pur homme, qu’il n’a pas toujours été, qu’il tire son origine de Marie. Et cette erreur est celle de Carpocrates, de Cérinthe, d’Ebion, de Paul de Samasote et de Photin. Il est écrit contre dans l’Epître aux Romains, ch. IX, 5 : “De ceux-ci est sorti Jésus-Christ, selon la chair, qui est au-dessus de tout, Dieu béni dans les siècles. Amen.”
La seconde est celle des Manichéens, qui assurent que Jésus-Christ n’a pas eu un véritable corps, mais un corps imaginaire. Cette erreur est condamnée par ce que dit le Seigneur dans le dernier chapitre de saint Luc, relevant l’erreur de ses disciples qui, troublés et effrayés, pensaient voir un esprit. Saint Matthieu dit, ch. XIV, 26 : “Le voyant se promener sur la mer, ils furent troublés, disant, c’est un fantôme; la crainte leur fit pousser des cris, etc.” Le Seigneur corrige leur manière de voir, disant (14, 27) : “Ayez confiance, ne craignez pas: c’est moi.”
La troisième est celle de Valentin, qui dit que le Christ a apporté un corps céleste, qu’il n’a rien pris de la Vierge, qu’il a passé par elle comme par un ruisseau ou conduit, sans avoir pris d’elle aucune chair. Il est dit contre cette erreur dans l’Epître aux Galates, ch. IV, 4 : “Dieu a envoyé son Fils né d’une femme.”
La quatrième est celle d’Apollinaire, qui a avancé que quelque chose du Verbe a été converti ou changé en chair, mais que la chair de Jésus n’avait pas été prise de celle de Marie. Par ce qu’il est dit en saint Jean ch. I, 14 : “Le Verbe s’est fait chair,” on entend que le Verbe s’est changé en chair; mais il est aussitôt ajouté contre cette erreur: “Et il a habité en nous.” Mais il n’aurait pas entièrement habité dans notre nature s’il avait été changé en chair, ce qui fait qu’il faut entendre : “Le Verbe s’est fait chair,” c’est-à-dire, le Verbe s’est fait homme. Fréquemment, en effet, le mot chair s’entand ainsi dans l’Ecriture, comme nous le voyons dans Isaïe, ch. XL, 5 : “Toute chair verra pareillement que la bouche du Seigneur a parlé.”
La cinquième est celle d’Arius, qui a soutenu que le Christ n’avait pas eu d’âme, mais que le Verbe lui en tenait lieu. Saint Jean dit contre ceci, ch. X, 17 : “Je donne ma vie, afin de la reprendre de nouveau; personne ne me la prend, mais je la donne de moi-même.”
La sixième est celle d’Apollinaire qui, parce qu’il était convaincu par ce témoignage et autres semblables que le Christ avait eu une âme humaine, a soutenu qu’il n’avait pas eu l’intellect humain, mais que le Verbe de Dieu lui en a tenu lieu. Cette assertion est contraire à ce que dit le Seigneur, confessant qu’il est un homme. Saint Jean dit, ch. VIII, 40 : “Vous cherchez à me mettre à mort, moi qui suis un homme qui vous ai dit la vérité.” Mais il n’aurait pas été homme s’il n’avait pas eu d’âme raisonnable.
La septième est celle d’Eutychès, qui a admis dans le Christ une nature, unique, composée de la divinité et de l’humanité; ce qui est en opposition avec ce que dit l’Apôtre dans son Epître aux Philippiens, ch. II, 6 : “Qui, étant dans la condition de Dieu, n’a pas cru que ce fût pour lui une usurpation d’être égal à Dieu; mais il s’est anéanti lui-même en prenant la condition de serviteur, en se rendant semblable aux hommes, et étant reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui au dehors;” distinguant manifestement deux natures en lui, à savoir la nature humaine et la nature divine.
La huitième est celle des Monothélites, qui ne voient dans Jésus-Christ qu’une seule science, une seule manière d’agir et une seule volonté. Le Seigneur dit contre eux en Matthieu 26, 39 : “Non comme je le veux, mais comme vous le voulez.” Ce qui établit clairement dans le Christ deux volontés: l’une divine et l’autre humaine; la volonté divine est commune au Père et au Fils.
La neuvième est l’erreur de Nestorius, qui a dit que le Christ était Dieu parfait et homme parfait, et qui cependant a soutenu que autre est la personne de Dieu, autre celle de l’homme, et qu’il n’y a pas d’union de Dieu et de l’homme dans la seule personne du Christ, mais seulement selon l’inhabitation de la grâce. De sorte qu’il nie que la bienheureuse Vierge soit la mère de Dieu, mais il dit qu’elle est la mère du Christ homme. Il est écrit, dans saint Luc, contre cette erreur, ch. I, 35 : “L’être qui naîtra de vous sera saint, et on l’appellera Fils de Dieu.”
La dixième est celle de Carpocrates qui passe pour avoir pensé que le Christ homme est né de Marie et de Joseph. Saint Matthieu dit contre cette erreur, ch. I, 18 : “Avant qu’ils s’unissent, elle fut trouvée avoir conçu par l’opération du Saint Esprit.”
La onzième est celle d’Helvidius, qui dit qu’après que la bienheureuse Vierge eût enfanté le Christ son Fils, elle eut plusieurs autres enfants de Joseph. Ezéchiel dit, ch. XLIV, contre celui-ci: “Cette porte sera fermée, et elle ne s’ouvrira pas; et l’homme ne passera pas par elle, parce que c’est par elle qu’est entré le Seigneur Dieu d’Israël, et elle sera fermée.” Il est dit, dans le Symbole des Apôtres, contre ces erreurs: “II a été conçu du Saint - Esprit, est né de la Vierge Marie.” Et dans le Symbole des Pères: “Qui est descendu du ciel pour nous, hommes, et pour notre salut, s’est incarné du Saint Esprit, de la Vierge Marie, et s’est fait homme.”
Secundus articulus est de passione et morte Christi, secundum quod ipse dominus praedixit, Matth. XX, 18: ecce ascendimus Ierosolymam, et filius hominis tradetur principibus sacerdotum et Scribis: et condemnabunt eum morte, et tradent eum gentibus ad illudendum et flagellandum et crucifigendum. Et circa hunc articulum primus quidem est error Manichaeorum, qui, sicut corpus Christi esse phantasticum asserunt, passionem Christi non in veritate, sed in phantasia esse arbitrantur, contra quod dicitur Isa. LIII, 4: vere languores nostros ipse tulit, et dolores nostros ipse portavit. Et iterum 7, tanquam ovis ad occisionem ductus est: quod etiam inducitur Act. VIII. Secundus est error Gaiani qui in Christo unam naturam posuit, sed incorporalem et immortalem, contra quod dicitur I Petr. III, 18: Christus semel pro peccatis nostris mortuus est. Et contra hos errores ponitur in symbolo: crucifixus, mortuus et sepultus.

 

9. La passion et la mort


Le second article est de la passion et de la mort de Jésus-Christ, selon ce que le Seigneur lui-même a prédit, saint Matthieu, chap. XX, 18 : “Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux princes des prêtres et aux scribes, et ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux gentils pour qu’ils l’insultent, le flagellent et le crucifient.”
La première erreur sur cet article est celle des Manichéens, qui, de même qu’ils affirment que le corps du Christ était imaginaire, de même, pensent que sa passion n’a pas été vraie, mais bien imaginaire. Il est écrit contre cette erreur, dans Isaïe, ch. LIII, 4 : “Il a véritablement supporté nos maladies et enduré nos douleurs.” Il est encore dit (53, 7) : “Il a été conduit à la mort comme une brebis;” ce qui est encore indiqué aux Actes, ch. VIII, etc.
La deuxième est celle de Gaianus qui n’a admis qu’une nature en Jésus-Christ, mais une nature non corporelle et immortelle. Il est écrit dans la première Epître de saint Pierre en opposition à cette doctrine, I. ch. III, 18 : “Le Christ est mort une seule fois pour nos péchés.” Il est dit dans le Symbole contre toutes ces erreurs: “Il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli.”

Tertius articulus est de resurrectione Christi, secundum quod ipse dicit Matth. XX, 19: tertia die resurget. Et circa hunc articulum primo quidem erravit Cerinthus asserens Christum non surrexisse, sed resurrecturum esse, contra quod dicitur I Corinth. XV, 4: resurrexit tertia die secundum Scripturas. Secundus error est qui imponitur Origeni, quod sit iterum pro salute hominum et Daemonum passurus, contra quod dicitur Rom. VI, 9: Christus resurgens ex mortuis, iam non moritur; mors illi ultra non dominabitur. Quod enim mortuus est peccato, mortuus est semel; quod autem vivit, vivit Deo. Et contra hos errores dicitur in symbolo: tertia die resurrexit a mortuis.

 

10. La résurrection du Christ


Le troisième article est de la résurrection du Christ, d’après ce qu’il dit lui-même, dans saint Matthieu, ch. XX, 19 : “Il ressuscitera le troisième jour.” Cérinthe le premier erra sur cet article, affirmant que le Christ n’est pas ressuscité, mais qu’il doit ressusciter. Il est dit contre cette assertion dans la première Epître aux Corinthiens, ch. XV, 4 : “Il est ressuscité le troisième jour condormément à l’Ecriture.”
La seconde est celle qui est attribuée à Origène; elle consiste à dire qu’il doit souffrir de nouveau pour le salut des hommes et des démons. Saint Paul dans son Epître aux Romains dit contre, ch. VI, 9 : “Le Christ ressuscitant d’entre les morts ne meurt plus, la mort n’a plus d’empire sur lui; car sa mort est une mort au péché, il est mort une seule fois, mais quant à sa vie, c’est une vie pour Dieu.” Il est dit dans le Symbole contre ces erreurs: “Le troisième jour il est ressuscité d’entre les morts.
Quartus articulus est de descensu ad Inferos: credimus enim animam Christi descendisse ad Inferos, corpore iacente in sepulcro, Ephes. IV, 9: descendit primum in inferiores partes terrae. Unde in symbolo dicitur: descendit ad Inferos; quod est contra quosdam, qui posuerunt ipsum Christum non descendisse per seipsum ad Inferos, cum tamen Petrus dicat Act. II, 24, quod non est derelictus in Inferno.

 

11. La descente aux enfers


Le quatrième article est celui de la descente aux enfers. Nous croyons en effet que l’âme de Jésus-Christ est descendue aux enfers pendant que son corps était dans le sépulcre. Saint Paul dit, Epître aux Ephésiens, ch. IV, 9 : “Il descendit d’abord dans les parties inférieures de la terre.” De là, il est dit dans le Symbole: “Il est descendu aux enfers;” ce qui est contre quelques-uns qui ont avancé que le Christ n’est pas descendu par lui-même aux enfers, alors que saint Pierre dit aux Actes, ch. II, 24 : “Qu’il n’a pas été abandonné dans l’enfer.”

Quintus articulus est de ascensione Christi in caelum, de quo ipse dicit Ioan. XX, 17: ascendo ad patrem meum et patrem vestrum, Deum meum et Deum vestrum. Circa quam errant Seleuciani, qui negant salvatorem in carne sedere ad dexteram Dei patris, sed quod eam exuit et in sole posuit. Circa quod dicitur Marc. ult., 19: dominus quidem Iesus postquam locutus est eis, ascendit in caelum, et sedet a dextris Dei. Unde in symbolo dicitur: ascendit in caelum, sedet ad dexteram patris.

12. L’ascension


Le cinquième article est celui de l’ascension du Christ dans le ciel, dont il parle lui-même en ces termes dans saint Jean, ch. XX, 17 : “Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.” Les Séleuciens errent sur ce point, eux qui nient que le Sauveur soit assis dans sa chair à la droite de Dieu le Père ; ils prétendent que le Sauveur s’est dépouillé de sa chair et qu’il l’a placée dans le soleil. Saint Marc dit sur ce point dans son dernier chapitre (16, 19) : “Le Seigneur Jésus, après qu’il leur eut parlé, monta au ciel et s’assit à la droite de Dieu;” de là il est dit dans le Symbole: “Il est monté au ciel, il est assis à la droite du Père.”

Sextus articulus est de adventu ad iudicium, de quo dominus dicit Matth. XXV, 31: cum venerit filius hominis in maiestate sua, et omnes Angeli eius cum eo, tunc sedebit super sedem maiestatis suae; et Petrus dicit actuum X, 42: hic est qui constitutus est a Deo iudex vivorum et mortuorum, sive eorum qui iam mortui sunt, et eorum qui in adventu Christi vivi invenientur. Et circa hoc aliqui errant, de quibus dicitur II Petr. III, 3: venient in novissimis diebus in deceptione illusores, iuxta proprias concupiscentias dicentes: ubi est repromissio aut adventus eius? Contra quos dicitur Iob. XIX, 29: fugite a facie gladii, quoniam ultor iniquitatum gladius est, et scitote esse iudicium. Unde in symbolo dicitur: qui venturus est iudicare vivos et mortuos. Illi autem qui septem articulos humanitatis esse ponunt, distinguunt primum articulum in duos, ponentes scilicet sub alio articulo conceptionem Christi, et sub alio eius nativitatem.

 

13. Du jugement dernier


Le sixième article est la venue du jugement, duquel le Seigneur dit dans saint Matthieu, ch. XXV, 31 : “Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa majesté, et tous ses anges avec lui, alors il s’assiéra sur le trône de sa gloire.” Dans les Actes, ch.X, 42, Saint Pierre dit : “C’est Lui qui a été constitué par Dieu juge des vivants et des morts », soit de ceux qui sont déjà morts, soit de ceux qui seront trouvés vivants lors de l’avènement du Christ. Il en est qui ont erré sur ce point, et c’est d’eux que parle saint Pierre, II, ch. III, 3 : “Dans les derniers temps il viendra des imposteurs pleins de moqueries qui suivront leurs propres passions, et qui diront : « Où est la promesse, où est son avènement ? “ Job dit contre eux, ch. XIX, 29 : “Fuyez loin de la menace du glaive, car il est le glaive vengeur de l’iniquité, et sachez qu’il y a un jugement.” De là, il est dit du Christ dans le Symbole: “qui doit venir juger les vivants et les morts.” Ceux qui disent qu’il y a sept articles sur l’humanité divisent le premier article en deux, car ils établissent dans un article la conception du Christ, et sa nativité dans un autre.

Partie 2 : De Ecclesiae sacramentis

De articulis Fidei, pars 2 Nunc restat considerandum de Ecclesiae sacramentis, quae tamen omnia comprehenduntur sub uno articulo, quia ad effectum gratiae pertinent. Sed quia specialem de sacramentis fecistis quaestionem, de his seorsum agendum est. Est primo igitur sciendum, quod sicut Augustinus dicit in X Lib. de Civit. Dei, sacramentum est sacrum signum, vel sacrae rei signum. Fuerunt autem in veteri lege quaedam sacramenta, idest sacrae rei signa, sicut agnus paschalis, et alia sacramenta legalia, quae quidem solum significabant Christi gratiam, non tamen eam causabant. Unde apostolus Galat. IV, 9 vocat ea egena et infirma elementa: egena quidem, quia gratiam non continebant; et infirma, quia gratiam conferre non poterant. Sacramenta vero novae legis continent et conferunt gratiam. In eis enim virtus Christi sub tegumento rerum visibilium secretius operatur salutem, ut dicit Augustinus. Et ideo sacramentum novae legis est invisibilis gratiae visibilis forma, ut eius similitudinem gerat et causa existat. Sicut ablutio quae fit in aqua Baptismatis repraesentat interiorem mundationem quae fit a peccatis per virtutem Baptismi. Sunt autem sacramenta legis novae septem, scilicet Baptismus, confirmatio, Eucharistia, poenitentia, extrema unctio, ordo et matrimonium: quorum prima quinque ordinantur ad perfectionem unius hominis in seipso, sed alia duo, scilicet ordo et matrimonium, ordinantur ad perfectionem et multiplicationem totius Ecclesiae. Vita enim spiritualis conformatur vitae corporali. In vita autem corporali perficitur homo primo per generationem, qua nascitur in hoc mundo; secundo per augmentum, quo perducitur ad quantitatem et virtutem perfectam; tertio per cibum, quo sustentatur hominis vita et virtutes. Et haec quidem sufficerent, si nunquam eum infirmari contingeret; sed quia frequenter homo infirmatur, quarto indiget sanatione. Sic est in vita spirituali. Primo enim indiget homo regeneratione, quae fit per Baptismum, secundum illud Ioan. III, 5: nisi quis renatus fuerit ex aqua et spiritu sancto, non potest introire in regnum Dei. Secundo oportet quod homo accipiat perfectam virtutem quasi quoddam spirituale augmentum, scilicet per sacramentum confirmationis ad similitudinem apostolorum, quos spiritus sanctus in eos veniens confirmavit. Unde dominus dixit eis Luc. ult., 49: vos sedete in civitate (Ierusalem) quoadusque induamini virtute ex alto. Tertio oportet quod homo spiritualiter nutriatur per Eucharistiae sacramentum, secundum illud Ioan. VI, 54: nisi manducaveritis carnem filii hominis et biberitis eius sanguinem, non habebitis vitam in vobis. Quarto oportet quod homo sanetur spiritualiter per sacramentum poenitentiae, secundum illud Psal. XL, 5: sana, domine, animam meam, quia peccavi tibi. Quinto spiritualiter simul et corporaliter per sacramentum extremae unctionis sanatur, secundum illud Iac. ult., 14: infirmatur aliquis in vobis? Inducat presbyteros Ecclesiae, et orent super eum, ungentes eum oleo in nomine domini: et oratio fidei salvabit infirmum, et alleviabit eum dominus; et si in peccatis sit, dimittentur ei. Quantum autem ad communem Ecclesiae utilitatem ordinantur duo sacramenta, scilicet ordo et matrimonium. Nam per ordinem Ecclesia gubernatur et multiplicatur spiritualiter, et per matrimonium multiplicatur corporaliter. Est autem considerandum quod praedicta septem sacramenta quaedam habent communia, et quaedam propria. Commune quidem est omnibus sacramentis quod conferant gratiam, sicut dictum est. Commune etiam est omnibus, quod sacramentum consistit in verbis et rebus corporalibus, sicut in Christo, qui est sacramentorum auctor, est verbum caro factum. Et sicut caro Christi sanctificata est, et virtutem sanctificandi habet per verbum sibi unitum, ita et res sacramentorum sanctificantur, et vim sanctificandi habent per verba quae in his proferuntur. Unde Augustinus dicit super Ioan.: accedit verbum ad elementum, et fit sacramentum. Unde verba quibus sanctificantur sacramenta, dicuntur sacramentorum formae; res autem sanctificatae dicuntur sacramentorum materiae, sicut aqua est materia Baptismi et chrisma confirmationis. Requiritur etiam in quolibet sacramento persona ministri conferentis sacramentum cum intentione conferendi et faciendi quod facit Ecclesia: quorum trium si aliquid desit, idest si non sit debita forma verborum, et si non sit debita materia, et si minister sacramenti non intendit sacramentum conficere, non perficitur sacramentum. Impeditur etiam effectus sacramenti per culpam recipientis, puta, si fictus accedat, et non corde parato ad suscipiendum sacramentum. Talis enim licet sacramentum suscipiat, effectum tamen sacramenti, idest gratiam spiritus sancti, non recipit, quia, ut dicitur Sap. I, 5: spiritus sanctus disciplinae effugiet fictum. E contrario autem sunt alii qui nunquam recipiunt sacramentum, qui tamen effectum sacramenti suscipiunt propter devotionem quam habent ad sacramentum, quod habent in voto, sive desiderio. Sunt autem et quaedam propria sacramentis quibusdam. Nam quaedam horum imprimunt characterem, idest spirituale quoddam signum distinctivum a ceteris, sicut in sacramento ordinis vel sacramento Baptismi, et in sacramento confirmationis: et talia sacramenta nunquam iterantur super eandem personam. Nunquam enim ille qui est baptizatus, debet ulterius baptizari; neque confirmatus, iterum confirmari; neque ordinatus, iterum ordinari: quia character, qui in huiusmodi sacramentis imprimitur, indelebilis est. In aliis vero sacramentis non imprimitur character suscipienti ea, et ideo possunt iterari quantum ad personam suscipientem, non tamen quantum ad materiam. Potest enim unus homo frequenter poenitere, frequenter Eucharistiam sumere, frequenter extremam unctionem suscipere, frequenter matrimonium contrahere, non tamen eadem hostia debet frequenter consecrari, nec idem oleum infirmorum debet frequenter benedici. Est etiam alia differentia, quia quaedam sacramenta sunt de necessitate salutis, sicut Baptismus et poenitentia, quibus non existentibus, non potest homo salvari. Alia vero sacramenta non sunt de necessitate salutis, quia sine eis potest esse salus, nisi propter contemptum sacramenti. His visis in communi circa Ecclesiae sacramenta, oportet quaedam in speciali de singulis dicere.

 

Deuxième Partie : Des sept Sacrements de l’Eglise


Il nous reste maintenant à parler des Sacrements de l’Eglise, lesquels cependant sont tous renfermés dans un seul article, vu qu’ils concernent la grâce. Mais comme vous avez fait une question spéciale touchant les Sacrements, nous devons en parler à part. Il faut donc, d’abord, comme le dit saint Augustin dans le dixième livre de la Cité de Dieu, savoir que,” le Sacrement est un signe sacré, ou le signe d’une chose sacrée.” Il y eut dans l’ancienne loi certains sacrements, c’est-à-dire, certains signes d’une chose sacrée; tel que l’agneau pascal, et les autres sacrements conformes à la loi divine, qui à la vérité signifiaient seulement la grâce de Jésus-Christ, sans pourtant la produire. C’est ce qui fait que l’Apôtre, dans son Epître aux Galates, IV, 9, les appelle “ des éléments faibles et misérables.” Faibles, parce qu’ils ne contenaient pas la grâce; misérables, parce qu’ils ne pouvaient pas la conférer.
Les sacrements de la nouvelle loi, au contraire, la contiennent et la confèrent. En eux en effet, comme le dit saint Augustin,”la puissance de Jésus-Christ produit plus secrètement le salut sous le voile d’éléments visibles.” C’est pour cela que le sacrement de la nouvelle loi est la forme visible de la grâce invisible, si bien qu’il en a la ressemblance et qu’il en est la cause. Ainsi l’ablution qui se fait dans l’eau du baptême, représente la purification intérieure du péché que produit la vertu du baptême.
Il y a sept sacrements de la nouvelle loi, ce sont : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la pénitence, l’extrême-onction, l’ordre et le mariage. Les cinq premiers sont ordonnés à produire la perfection d’un seul homme en lui-même; pour ce qui est des deux autres, à savoir les sacrements de l’ordre et du mariage, ils sont ordonnés à produire la perfection et l’extension de l’Eglise. En effet, la vie spirituelle est conforme à la vie corporelle; mais dans la vie corporelle, l’homme d’abord s’accomplit par la génération qui le fait naître au monde; secondement par la croissance qui le fait atteindre une grandeur et une force parfaites; troisièmement par la nourriture qui sustente et sa vie et ses forces. Ces trois choses lui suffiraient, s’il n’était jamais sujet aux infirmités. Mais comme fréquemment l’homme est sujet à la maladie, il a, quatrièmement, besoin de quelque chose qui le guérisse: il en est ainsi dans la vie spirituelle.
Premièrement, en effet, l’homme a besoin de régénération et c’est l’œuvre du baptême, comme le dit saint Jean, ch. III, 5 : “Si quelqu’un ne renaît pas de l’eau et de l’Esprit saint, il ne peut pas entrer dans le royaume de Dieu.” Il lui faut secondement recevoir la vertu parfaite, comme une certaine croissance spirituelle, à savoir le sacrement de confirmation, à l’exemple des Apôtres que le Saint Esprit confirma en venant en eux. C’est ce qui fait dire au Seigneur dans le dernier chapitre de saint Luc (25, 49) : “Demeurez dans la ville de Jérusalem jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en haut.” II faut troisièmement que l’homme soit nourri spirituellement par le sacrement de l’eucharistie; d’après ces paroles de saint Jean, ch. VI, 54 : “Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous.”
Il a besoin quatrièmement d’être guéri spirituellement par le sacrement de pénitence, comme nous l’apprennent ces paroles du Psaume XL, 5 : “Guérissez mon âme, Seigneur, parce que j’ai péché contre vous.” Il est cinquièmement guéri spirituellement et corporellement par le sacrement de l’extrême onction; c’est ce que nous apprend saint Jacques dans son dernier chapitre (5, 14) : “Y a-t-il parmi vous quelqu’un de malade, qu’il appelle les prêtres de l’Eglise, qu’ils prient sur lui, l’oignant d’huile au nom du Seigneur, et la prière de la foi sauvera le malade, le Seigneur le soulagera, et s’il est en état de péché, ils lui seront remis.”
D’autre part, deux sacrements, qui sont l’ordre et le mariage, sont spécialement ordonnés pour l’utilité commune de l’Eglise. Par le sacrement de l’ordre en effet, l’Église se multiplie et est gouvernée sur le plan spirituel, le mariage la multiplie corporellement. Il importe néanmoins de considérer que les sept sacrements en question ont des éléments qui leur sont communs, d’autres qui sont propres à chacun d’eux. Il leur est commun à tous, ainsi que nous l’avons dit, de produire la grâce. Ils ont aussi cela de commun que le sacrement consiste dans des paroles et des éléments matériels; comme le Christ, qui est l’auteur des sacrements, est le Verbe fait chair. Comme la chair du Christ est sanctifiée et a la vertu de sanctifier par le Verbe qui lui est uni; de même la matière des sacrements est sanctifiée et a la vertu de sanctifier par les paroles que l’on profère en les conférant; c’est ce qui fait dire à saint Augustin expliquant saint Jean: “La parole se joint à la matière et le sacrement existe.” De là, les paroles qui sanctifient, sont appelées la forme des sacrements, et les choses sanctifiées s’appellent la matière des sacrements; comme l’eau est la matière du baptême, le chrême, celle de la confirmation.
Il faut aussi, pour chaque Sacrement, la personne du ministre qui le confère, avec l’intention de le conférer et de faire ce que fait l’Eglise. S’il manque une de ces trois choses, c’est-à-dire, s’il n’y a pas la forme de paroles voulues, s’il n’y a pas la matière requise, si le ministre du sacrement n’a pas l’intention d’accomplir le sacrement, le sacrement n’est pas consommé. Celui qui reçoit le sacrement peut aussi par sa faute en anéantir l’effet; par exemple, s’il s’en approche avec feinte, et que son cœur ne soit pas disposé à le recevoir. Bien qu’une telle personne reçoive le sacrement, elle n’en reçoit cependant pas les effets, c’est-à-dire la grâce du Saint Esprit; parce que, comme il est dit au livre de la Sagesse, ch. I, 5 : “L’Esprit Saint, l’éducateur, fuit l’homme fourbe.” Il en est d’autres au contraire qui ne reçoivent jamais un sacrement, et qui cependant jouissent de ses effets, en raison de la dévotion qu’ils éprouvent pour un sacrement, le recevant par leurs vœux et leurs désirs. Mais il y a aussi des effets qui sont propres à certains sacrements. Quelques-uns en effet impriment un caractère, c’est-à-dire un certain signe spirituel distinct des autres; comme cela arrive dans les sacrements de l’ordre, du baptême et de la confirmation; et ces sacrements ne se renouvellent pas sur la même personne. Celui qui a été baptisé ne doit jamais en effet l’être de nouveau; de même celui qui a été confirmé, ne saurait l’être une seconde fois; non plus celui qui a été ordonné, car le caractère qu’impriment ces sacrements est indélébile. Les autres sacrements n’impriment aucun caractère en celui qui les reçoit, ce qui fait qu’on peut les renouveler quant à la personne qui les reçoit, mais non quant à la matière. Un même homme peut en effet fréquemment se repentir, fréquemment recevoir l’eucharistie, recevoir plusieurs fois l’extrême-onction, contracter mariage plusieurs fois; cependant on ne peut pas consacrer plusieurs fois la même hostie, ni bénir plusieurs fois la même huile des malades. Il y a encore une autre différence, c’est que certains sacrements, tels que le baptême, la pénitence, sont de nécessité de salut; sans leur existence, l’homme ne peut être sauvé.
Il est d’autres sacrements qui ne sont pas de nécessité de salut, parce que, sans eux, on peut se sauver, à moins qu’on ne les reçoive par mépris. Après avoir vu ce qui précède des sacrements de l’Eglise, en général, il nous faut parler de chacun en particulier.

Primo igitur circa Baptismum sciendum est, quod materia Baptismi est aqua vera et naturalis, nec differt utrum sit frigida vel calefacta. In aquis autem artificialibus, sicut est aqua rosacea, et aliis huiusmodi, non potest baptizari. Forma autem Baptismi est ista: ego te baptizo in nomine patris et filii et spiritus sancti. Minister huius sacramenti proprius est sacerdos, cui ex officio competit baptizare. In articulo tamen necessitatis, non solum diaconus, sed etiam laicus et mulier, immo Paganus et haereticus potest baptizare, dummodo servet formam Ecclesiae, et intendat facere quod facit Ecclesia. Si vero extra articulum necessitatis aliquis a talibus baptizetur, recipit quidem sacramentum, et non debet iterum baptizari; non tamen recipit gratiam sacramenti, quia ficti deputantur, utpote contra statutum Ecclesiae sacramentum accipientes. Effectus autem Baptismi est remissio culpae originalis et actualis, et etiam totius culpae et poenae, ita quod baptizatis non est aliqua satisfactio iniungenda pro peccatis praeteritis, sed statim morientes post Baptismum introducuntur ad gloriam Dei. Unde effectus Baptismi ponitur apertio ianuae Paradisi. Circa hoc sacramentum fuerunt aliqui errores. Primus quidem fuit Solentianorum, qui Baptismum in aqua non recipiunt, sed solum Baptismum spiritualem, contra quos dicit dominus, Ioan. III, 5: nisi quis renatus fuerit ex aqua et spiritu sancto, non potest introire in regnum Dei. Secundus error fuit Donatistarum rebaptizantium eos qui sunt baptizati a Catholicis, contra quos dicitur Ephes. IV, 5: una fides, unum Baptisma. Est autem alter error eorum: nam dicunt quod homo in peccato existens, non potest baptizare, contra quos dicitur Ioan. I, 33: super quem videris spiritum descendentem et manentem, hic est qui baptizat, scilicet Christus. Unde non nocet homini malus minister nec in hoc nec in aliis sacramentis, quia Christus est bonus qui merito suae passionis perficit sacramentum. Quartus error est Pelagianorum, qui dicunt pueros baptizari, ut regeneratione adoptati admittantur ad regnum Dei, de bono in melius translati, non ista regeneratione aliquo malo obligationis veteris absoluti.

 

1- Le baptême


Il importe d’abord de savoir, touchant le baptême, que l’eau conforme et naturelle en est la matière, peu importe qu’elle soit froide ou chauffée. Mais il est impossible de baptiser dans des eaux artificielles, telles que l’eau de rose et autres de ce genre. La forme du baptême est celle-ci: “Je te baptise au nom du Père du Fils et du Saint Esprit.”
Le ministre le plus ordinaire de ce sacrement, c’est le prêtre; c’est à lui, à qui, par sa fonction, il appartient de baptiser. Dans un cas de nécessité, non-seulement le diacre, mais même un laïc, une femme, bien plus, un païen, un hérétique même peut baptiser, pourvu qu’il conserve la forme de l’Eglise, et qu’il ait l’intention de faire ce que l’Eglise fait. Mais si, hors le cas de nécessité, quelqu’un est baptisé par de telles personnes, il reçoit réellement le sacrement; il ne doit pas être baptisé une nouvelle fois ; cependant il ne reçoit pas la grâce, car on tient pour dissimulés et comme le recevant contre la loi de l’Eglise ceux qui agissent de la sorte. L’effet du baptême, c’est la rémission du péché originel et actuel, et même de toute faute et de toute peine, de sorte qu’il ne faut enjoindre aucune réparation pour les péchés passés; mais ceux qui meurent aussitôt après le baptême, sont immédiatement introduits dans la gloire de Dieu; de là il est établi que le baptême a pour effet d’ouvrir la porte du paradis. Il y a eu quelques erreurs touchant ce sacrement.
La première fut celle des Solentiens qui ne reçoivent pas le baptême d’eau, mais seulement le baptême spirituel. Le Seigneur dit contre eux en saint Jean, ch. III, 5 : “Si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’Esprit saint, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.”
La deuxième est celle des Donatistes qui rebaptisaient ceux qui l’avaient été par les catholiques. L’Apôtre dit contre eux dans son Epître aux Ephésiens, ch. IV, 5 : “Une seule foi, un seul baptême.” Les mêmes Donatistes errent encore sur un autre point, car ils disent que l’homme qui est en état de péché, ne peut pas baptiser. Saint Jean dit contre cette erreur, ch. I, 33 : “Celui sur qui vous verrez descendre et demeurer l’Esprit, c’est celui qui baptise », à savoir Jésus-Christ. De là, le ministre en état de péché ne nuit en rien à la personne, ni dans ce sacrement, ni dans les autres, parce que Jésus-Christ est bon, et que c’est lui qui par les mérites de sa passion, a fait le sacrement.
La quatrième erreur est celle des Pélagiens. Ils disent que les enfants sont baptisés, afin qu’adoptés par cette régénération, ils soient admis dans le royaume de Dieu, transférés d’un état qui est bon dans un état meilleur; mais que par cette régénération ils ne sont pas dégagés de l’obligation ancienne.

Secundum sacramentum est confirmationis, cuius materia est chrisma confectum ex oleo, quod significat nitorem conscientiae, et balsamo, quod significat odorem bonae famae, per episcopum benedicto. Forma autem huius sacramenti est talis: consigno te signo crucis, et confirmo te chrismate salutis, in nomine patris et filii et spiritus sancti. Amen. Minister autem huius sacramenti est solum episcopus. Non enim licet sacerdoti confirmandos chrismate in fronte inungere. Effectus autem huius sacramenti est quod in eo datur spiritus sanctus ad robur, sicut datus est apostolis in die Pentecostes, ut scilicet Christianus audacter confiteatur nomen Christi. Et ideo confirmandus in fronte ungitur, in qua est sedes verecundiae, ut scilicet nomen Christi confiteri non erubescat, et praecipue crucem eius, quae est Iudaeis scandalum, gentibus autem stultitia: et propter hoc etiam signo crucis signantur. Circa hoc sacramentum est error quorundam Graecorum dicentium, quod sacerdos simplex hoc sacramentum potest conferre: contra quos dicitur Act. VIII, quod apostoli miserunt Petrum et Ioannem apostolos, qui imponebant manus super eos qui baptizati erant a Philippo diacono, et accipiebant spiritum sanctum. Episcopi autem sunt in Ecclesia loco apostolorum, et loco illius manus impositionis datur in Ecclesia confirmatio.

 

2- Confirmation


Le second sacrement est celui de la confirmation; sa matière est le chrême, composé d’huile qui signifie la pureté de la conscience, et de baume, qui signifie l’odeur d’une bonne réputation. Il doit être béni par l’évêque. La forme de ce sacrement consiste dans les paroles suivantes: “Je vous marque du signe de la croix, et je vous confirme avec le chrême du salut; au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen.” Le ministre de ce sacrement est l’évêque seul. Il n’est pas permis au prêtre d’oindre le front des confirmants.
L’effet de ce sacrement est de donner au chrétien l’Esprit saint pour le fortifier, ainsi qu’il fut donné aux Apôtres au jour de la Pentecôte, pour leur donner la force de confesser le nom de Jésus-Christ. Le confirmé, pour cela, est oint sur le front, siège de la pudeur, afin qu’il ne rougisse pas de confesser le nom de Jésus-Christ, et surtout sa croix qui pour les Juifs est un scandale, et une folie pour les païens; c’est encore pour cela qu’il est marqué du signe de la croix.
Il est quelques grecs qui ont erré sur ce sacrement; soutenant que le simple prêtre peut l’administrer; il est écrit contre eux au Actes des Apôtres, ch. VIII, que les Apôtres envoyèrent Pierre et Jean Apôtres, qui imposaient les mains sur ceux qui avaient été baptisés par le diacre Philippe, et ils recevaient le Saint Esprit. Or dans l’Eglise, les évêques tiennent la place des Apôtres, et c’est à la place de cette imposition des mains que dans l’Eglise on donne la confirmation.

Tertium sacramentum est Eucharistia, cuius materia est panis triticeus, et vinum de vite, modica aqua permixtum, ita quod aqua transeat in vinum: nam aqua significat populum, qui incorporatur Christo. De alio autem pane quam tritici et alio vino non potest hoc confici sacramentum. Forma autem huius sacramenti sunt ipsa verba Christi dicentis: hoc est corpus meum; et hic est calix sanguinis mei, novi et aeterni testamenti, mysterium fidei, qui pro vobis et pro multis effundetur in remissionem peccatorum: quia sacerdos in persona Christi loquens, hoc conficit sacramentum. Minister autem sacramenti huius est sacerdos, neque aliquis alius potest corpus Christi conficere. Effectus huius duplex est, quorum primus consistit in ipsa consecratione sacramenti: nam virtute praedictorum verborum panis convertitur in corpus Christi, et vinum in sanguinem, ita tamen quod totus Christus continetur sub speciebus panis, quae remanent sine subiecto, et totus Christus continetur sub speciebus vini: et sub qualibet parte hostiae consecratae, vini consecrati, separatione facta, est totus Christus. Alius vero effectus huius sacramenti, quem in anima digne sumentis facit, est adunatio hominis ad Christum, sicut ipse dicit Ioan. VI, 57: qui manducat meam carnem et bibit meum sanguinem, in me manet, et ego in eo. Et quia per gratiam homo Christo incorporatur et membris eius unitur, dignum est quod hoc sacramentum sumentibus digne gratia augeatur. Sic igitur in hoc sacramento est aliquid quod est sacramentum tantum, scilicet ipsa species panis et vini; et aliquid quod est res et sacramentum, scilicet corpus Christi verum; et aliquid quod est res tantum, scilicet unitas corporis mystici, idest Ecclesiae, quam hoc sacramentum et significat et causat. Fuerunt autem circa hoc sacramentum multi errores. Quorum primus est eorum qui dicunt, quod in hoc sacramento non est verum corpus Christi, sed tantum significative. Auctor erroris eius dicitur fuisse Berengarius, contra quem dicitur Ioan. VI, 56: caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est potus. Secundus est error Artotyritarum qui offerunt in sacramento hoc panem et caseum, dicentes a primis hominibus oblationes de frugibus terrae et ovium celebratas fuisse: contra quod est quod dominus huius sacramenti institutor, panem et vinum discipulis suis dedit. Tertius est error Cathaphrygarum et Praeputiatorum qui de infantis sanguine, quem de toto eius corpore minutis punctorum vulneribus extorquent, quasi Eucharistiam suam conficere perhibentur, immiscentes eum farinae, panemque inde facientes; quod magis est simile sacrificiis Daemonum, quam sacrificiis Christi, secundum illud Psal. CV, 38: effuderunt sanguinem innocentem (...) quem sacrificaverunt sculptilibus Chanaan. Quartus est error aquariorum, qui aquam solam in sacrificiis offerunt, cum tamen Prov. IX, 5, dicatur ex ore sapientiae, qui est Christus: bibite vinum quod miscui vobis. Quintus est error Ophitarum, qui serpentem Christum esse aestimantes, habent unum colubrum assuetum panes lingua lambere, atque ita eis velut Eucharistiam sanctificare. Sextus est error Praeputiatorum, qui tantum dant mulieribus principatum, ut sacerdotio quoque apud eos honorentur. Septimus est error pauperum de Lugduno, qui dicunt quemlibet iustum hominem posse conficere hoc sacramentum. Contra quos errores est quod dominus apostolis suis potestatem tradidit hoc sacramentum celebrandi, unde solum illi qui quadam successione ab apostolis acceperunt hanc potestatem, possunt hoc sacramentum conficere. Octavus est error quorundam, qui dicuntur Adamani, qui imitantes nuditatem Adae, nudi mares feminaeque conveniunt, nudi lectionem audiunt, nudi orant, sacramenta nudi celebrant: contra quos dicitur I Corinth. XIV, 40: omnia honeste et secundum ordinem fiant in vobis.

 

3- Eucharistie


Le troisième sacrement est celui de l’eucharistie. Il a pour matière le pain de froment et le vin de la vigne, mêlé d’un peu d’eau, de sorte que l’eau passe dans le vin, car l’eau signifie le peuple qui est incorporé au Christ. Ce sacrement ne peut pas être consommé avec un autre pain que le pain de froment, ni avec un autre vin que celui de la vigne. La forme de ce sacrement, ce sont les paroles suivantes qui sont celles même de Jésus-Christ: “Hoc est corpus meum,” et, “Hic est calix sanguinis mei, nom et œterni testamenti, mysterium fidei, qui pro vobis etpromultis effundetur in remissionem peccatorum.” Le prêtre, en effet, réalise ce sacrement, parlant au nom même du Christ.
Le prêtre est le ministre de ce sacrement, et personne autre que lui ne peut consacrer le corps de Jésus-Christ. Ce sacrement a un double effet; le premier consiste dans la consécration elle-même du sacrement; car par la vertu des paroles citées plus haut, le pain est changé au corps de Jésus-Christ, et le vin en son sang; de manière cependant que Jésus-Christ tout entier est contenu sous les espèces du pain qui demeurent sans sujet; Jésus-Christ tout entier est aussi contenu sous les espèces du vin; il est contenu de même tout entier sous n’importe laquelle des parties de l’hostie consacrée, et du vin consacré, si on les sépare.
Pour ce qui est de l’autre effet de ce sacrement, c’est qu’il produit dans celui qui le reçoit dignement, l’union de Jésus-Christ avec l’homme, comme il le dit lui-même en saint Jean, ch. VI, 57 : “Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.” Et parce que, par la grâce, l’homme est incorporé au Christ, et qu’il est uni à ses membres, ceux qui le reçoivent dans de saintes dispositions, méritent de voir la grâce s’augmenter en eux. Ainsi donc, il y a dans ce sacrement 1/ quelque chose qui est le sacrement seulement, à savoir, l’apparence elle-même du pain et du vin, et 2/ quelque chose qui est le sujet lui-même et le sacrement, à savoir, le vrai corps de Jésus-Christ, et 3/ quelque chose qui est le sujet seulement, à savoir, l’unité du corps mystique, c’est-à-dire de l’Eglise, que ce sacrement signifie et produit.
Il y a eu sur ce sacrement une multitude d’erreurs. La première est celle des hommes qui affirment que le vrai corps de Jésus-Christ n’est pas dans ce sacrement, mais qu’il y est seulement d’une manière « signifiante » (*). Bérenger est regardé comme l’auteur de cette erreur. Il est écrit dans saint Jean contre, ch. VI, 56 : “Ma chair est une véritable nourriture, et mon sang un véritable breuvage.”
La deuxième est celle des Arrodiniciens ou Artotyrites, qui offrent, dans ce sacrement, du pain et du fromage, disant que les oblations des premiers hommes ont été faites avec les fruits de la terre et ceux des troupeaux; ce qui réfute leur assertion, c’est que le Seigneur qui a institué ce sacrement, donne le pain et le vin à ses disciples.
La troisième est celle des Cathaphriges et des Praeputiatiens, que l’on dit faire une espèce d’eucharistie avec le sang d’un enfant, qu’ils arrachent de son corps, au moyen de blessures semblables à des piqûres légères; le mêlant avec de la farine et en confectionnant un pain; ce qui, suivant ces paroles du Psaume CV, 38 : “Ils versèrent ce sang innocent, qu’ils sacrifièrent aux idoles de Canaan,” ressemble plus aux sacrifices des démons, qu’aux sacrifices de Jésus-Christ.
La quatrième est celle des Aquariens, ainsi appelés parce qu’ils offrent l’eau seule dans les sacrifices; bien qu’il soit dit de la bouche même de la Sagesse, qui est le Christ, au livre des Proverbes, IX 5 : “Buvez le vin que je vous ai mêlé.”
La cinquième est celle des Ophidiens ou Ophites qui, pensant que le Christ est un serpent, ont un serpent accoutumé à lécher le pain avec sa langue, et le leur sanctifie comme l’eucharistie.
La sixième est celle des Préputialiens, qui donnent aux femmes une si grande primauté, que chez eux elles sont aussi honorées du sacerdoce.
La septième est celle des pauvres de Lyon; ils disent que tout homme juste peut réaliser ce sacrifice. Le pouvoir que le Seigneur a donné à ses Apôtres de célébrer ce sacrement réfute ces erreurs. De là il suit que, ceux-là seulement qui ont succédé aux Apôtres d’une certaine manière, ont reçu le pouvoir d’offrir ce sacrement.
La huitième est celle de quelques individus auxquels on a donné le nom d’Adamites, parce qu’imitant la nudité d’Adam, ils se réunissent nus hommes et femmes, écoutent, nus, la lecture, prient dans cet état, et célèbrent les sacrement sans vêtements. Il est écrit contre eux dans la première Epître aux Corinthiens, ch. XIV, 40 : “Que tout se fasse parmi vous d’une manière honnête et suivant l’ordre.”

(*) J’ai cédé au langage contemporain de la psychologie pour bien montrer que les hérésies sont de tous les temps !

Quartum sacramentum est poenitentia, cuius quasi materia sunt actus poenitentis, qui dicuntur tres poenitentiae partes. Quarum prima est cordis contritio, ad quam pertinet quod homo doleat de peccato commisso, et proponat se de cetero non peccaturum. Secunda pars est oris confessio, ad quam pertinet ut peccator omnia peccata, quorum memoriam habet, suo sacerdoti confiteatur integraliter, non dividens ea diversis sacerdotibus. Tertia pars est satisfactio pro peccatis secundum arbitrium sacerdotis, quae quidem praecipue fit per ieiunium et orationem et eleemosynam. Forma autem huius sacramenti sunt verba absolutionis quae sacerdos profert, cum dicit: ego te absolvo. Minister huius sacramenti est sacerdos habens auctoritatem absolvendi vel ordinariam, vel ex commissione superioris. Effectus huius sacramenti est absolutio a peccato. Est autem contra hoc sacramentum error Novatianorum, qui dicunt hominem post Baptismum peccantem non posse per poenitentiam veniam consequi: contra quos dicitur Apoc. II, 5: memor esto unde excideris, et age poenitentiam, et prima opera fac.

 

4- Pénitence


Le quatrième sacrement est celui de la pénitence. Les actions du pénitent en sont comme la matière; elles constituent les trois parties de la pénitence. La contrition est la première, qui concerne le fait que l’homme se repent du péché commis, et se propose de ne plus pécher à l’avenir. La confession orale est la deuxième, c’est par elle que le pécheur accuse intégralement au prêtre les péchés dont il a la mémoire (il ne peut « répartir » ses fautes sur différents prêtres). La réparation pour les péchés est la troisième; elle se fait selon le jugement du prêtre, et s’accomplit surtout par le jeûne, la prière et l’aumône. La forme de ce sacrement, ce sont les paroles de l’absolution, que prononce le prêtre lorsqu’il dit: “Je vous absous, etc.” Le ministre de ce sacrement, c’est le prêtre, ayant le pouvoir ordinaire ou délégué de son supérieur d’absoudre. L’effet de ce sacrement, c’est la rémission du péché. Les Novatiens, qui soutiennent que l’homme qui pèche après le baptême ne peut pas en obtenir le pardon, se trompent à propos de ce sacrement. Il est dit contre eux dans l’Apocalypse, ch. II, 5 : “Souviens-toi d’où tu es tombé, et fais pénitence, reviens à tes premières oeuvres.”

Quintum sacramentum est extremae unctionis, cuius materia est oleum olivae per episcopum benedictum. Hoc autem sacramentum non debet dari nisi infirmis, quando timetur de periculo mortis, qui debent inungi in locis quinque sensuum, videlicet in oculis propter visum, in auribus propter auditum, in naribus propter odoratum, in ore propter gustum vel locutionem, in manibus propter tactum, in pedibus propter gressum. Quidam autem inungunt in renibus, ubi viget libido. Forma autem huius sacramenti est ista: per istam unctionem et suam piissimam misericordiam indulgeat tibi dominus quidquid deliquisti per visum; et similiter in aliis. Minister huius sacramenti est sacerdos. Effectus autem huius sacramenti est sanatio mentis et corporis. Contra hoc sacramentum est error Eraconitarum, qui feruntur suos morientes novo modo quasi redimere per oleum et balsamum et aquam, et invocationibus quas Hebraicis verbis dicunt super capita eorum: quod est contra formam a Iacobo traditam, ut supra dictum est.

 

5- Extrême-onction


Le cinquième sacrement est celui de l’extrême-onction. Sa matière est l’huile d’olive bénite par l’évêque. On ne doit la donner qu’aux infirmes, quand on craint le danger de mort; il faut les oindre à l’emplacement des cinq sens, à savoir, sur les yeux à cause de la vue, sur les oreilles à cause de l’ouïe, sur les narines à cause de l’odorat, sur la bouche à causé du goût ou de là parole, sur les mains à cause du toucher, sur les pieds, parce qu’ils servent à marcher. Il en est aussi qui font l’onction sur les reins, siège des passions.
La forme de ce sacrement consiste dans les paroles suivantes: “Que le Seigneur, par cette onction et sa très pieuse miséricorde, vous pardonne tous les péchés que vous avez commis par les yeux;” il en est de même pour les autres sens. Le prêtre est le ministre de ce sacrement. Il a pour effet de guérir l’âme et le corps. Les Eraconites ont erré sur ce sacrement, eux qui, dit-on, rachètent en quelque sorte leurs mourants d’une nouvelle manière, par l’huile, le baume et l’eau, et par certaines invocations en langue hébraïque qu’ils prononcent sur leurs têtes, lesquelles sont écrites en caractères hébraïques; ce qui, comme nous l’avons dit plus haut, est contraire à la forme donnée par saint Jacques.

Sextum est sacramentum ordinis. Sunt autem septem ordines: scilicet presbyteratus, diaconatus, subdiaconatus, acolytatus, exorcistae, lectoris et ostiarii. Clericatus autem non est ordo, sed quaedam professio vitae dantium se divino ministerio. Episcopatus autem magis est dignitas quam ordo. Materia autem huius sacramenti est illud materiale, per cuius traditionem confertur ordo: sicut presbyteratus traditur per collationem calicis, et quilibet ordo traditur per collationem illius rei quae praecipue pertinet ad ministerium illius ordinis. Forma autem huius sacramenti est talis: accipe potestatem offerendi sacrificium in Ecclesia pro vivis et mortuis; et idem est dicendum in consimilibus ordinibus. Minister huius sacramenti est episcopus qui confert ordines. Effectus autem huius sacramenti est augmentum gratiae ad hoc quod aliquis sit idoneus minister Christi. Contra hoc sacramentum fuit error aerii, qui dicebat presbyterum ab episcopo non debere discerni.

 

6- Ordre


Le sixième sacrement est celui de l’ordre. Mais il y a sept ordres, qui sont, la prêtrise, le diaconat, le sous-diaconat, les ordres d’acolyte, d’exorciste, de lecteur et d’ostiaire. La cléricature n’est pas un ordre, mais une certaine profession de vie de ceux qui se consacrent au ministère divin. Pour l’épiscopat, il est plus une dignité qu’un ordre.
La matière de ce sacrement est l’objet matériel par la tradition duquel l’ordre est conféré; comme la prêtrise est conférée par la remise du calice, de même chaque ordre est conféré par la remise de l’objet qui sert principalement au ministère de cet ordre. Pour ce qui est de la forme, elle consiste dans les paroles suivantes: “Recevez le pouvoir d’offrir le sacrifice dans l’Eglise pour les vivants et pour les morts.” Il faut en dire autant des ordres semblables.
Le ministre de ce sacrement, c’est l’évêque, à lui il appartient de le conférer. Il a pour effet d’augmenter la grâce pour faire de l’homme le digne ministre de Jésus-Christ.
Arius erra sur ce sacrement, lui qui soutenait qu’il ne faut pas différencier le prêtre et l’évêque.

Septimum sacramentum est matrimonium, quod est signum coniunctionis Christi et Ecclesiae. Causa autem efficiens matrimonii est mutuus consensus per verba de praesenti expressus. Est autem triplex bonum matrimonii: quorum primum est proles suscipienda et educanda ad cultum Dei; secundum est fides quam unus coniugum alteri debet servare; tertium est sacramentum, idest indivisibilitas matrimonii, propter hoc quod significat indivisibilem coniunctionem Christi et Ecclesiae. Est autem circa hoc sacramentum multiplex error. Primus quidem est Tatianorum, qui nuptias damnant: contra quos est quod dicitur I Corinth. VII, 28: si nupserit virgo, non peccavit. Secundus est error Ioviniani, qui nuptias aequavit virginitati, de quo supra dictum est. Tertius est error Nicolaitarum, qui indifferenter mutuis uxoribus utuntur. Fuerunt etiam multi alii haeretici turpia quaedam docentes et exercentes, contra id quod dicitur Hebr. ult., 4: sit honorabile connubium in omnibus, et torus immaculatus. Horum autem virtute sacramentorum homo perducitur ad futuram gloriam, quae consistet in septem dotibus: tribus animae, et quatuor corporis. Prima dos animae est visio Dei per essentiam, secundum illud I Ioan. III, 2: videbimus eum sicuti est. Secunda est comprehensio, qua scilicet Deum comprehendemus, quasi meritorum mercedem: I Cor. IX, 24: sic currite ut comprehendatis. Tertia est fruitio, qua in Deo delectabimur, secundum illud Iob. XXII, 26: tunc super omnipotentem deliciis afflues, et elevabis ad Deum faciem tuam. Prima autem dos corporis est impassibilitas, secundum illud I Corinth. XV, 53: oportet corruptibile hoc induere incorruptionem. Secunda est claritas, secundum illud Matth. XIII, 43: fulgebunt iusti sicut sol in regno patris eorum. Tertia est agilitas, per quam celeriter adesse poterunt ubi volent. Sap. III, 7: tanquam scintillae in arundineto discurrent. Quarta est subtilitas, per quam poterunt quaecumque voluerint, penetrare, secundum illud I Corinth. XV, 44: seminatur corpus animale, surget corpus spirituale. Ad quam nos perducat qui vivit et regnat per omnia saecula saeculorum. Amen.

 

7- Mariage


Le mariage est le septième sacrement; il représente l’union de Jésus-Christ avec son Eglise. Le consentement mutuel, exprimé présentement par des paroles, est la cause efficiente du mariage. Le mariage produit un triple bien. Le premier, ce sont les enfants qui doivent en suivre, et qui doivent être élevés dans le service de Dieu. Le second, c’est la foi que l’un des époux doit garder à l’autre. Le troisième, c’est le sacrement, c’est-à-dire l’indivisibilité du mariage; pour ce motif il signifie l’indivisible union de Jésus-Christ et de son Eglise. Il y a sur ce sacrement une multitude d’erreurs.
La première est celle des Tacianiens, qui condamnent le mariage. Saint Paul dit contre eux, dans sa première Epître aux Corinthiens, ch. VII, 28 : “Si la Vierge s’est mariée, elle n’a pas péché.”
La seconde est celle de Jovinien, qui a égalé le mariage à la virginité; nous en avons parlé plus haut.
La troisième est celle des Nicolaïtes qui voient indifféremment les épouses les uns des autres. Il y a eu aussi une foule d’hérétiques qui ont enseigné et pratiqué des choses honteuses, à l’encontre de ce que dit saint Paul dans le dernier chapitre de son Epître aux Hébreux (XIII, 14) : “Que le mariage soit honoré par tous les hommes et le lit conjugal sans souillure.” La vertu de ces sacrements, c’est de conduire l’homme à la gloire future, qui consiste en sept qualités, trois de l’âme et quatre du corps.
La première qualité de l’âme, c’est de voir Dieu selon son essence, comme nous l’apprennent ces paroles de saint Jean (1 Jn III, 2) : “Nous le verrons tel qu’il est.” La seconde, c’est la compréhension par laquelle nous saisirons Dieu comme la récompense de nos mérites. Saint Paul dit, dans sa première Epître aux Corinthiens, ch. IX, 24 : “Courez de telle sorte que vous remportiez le prix.” Le troisième, c’est la jouissance par laquelle nous nous délecterons en Dieu. Job dit, ch. XXII, 26 : “Alors vous serez comblés de délices dans le Tout-Puissant, et vous élèverez vos regards vers Dieu.”
La première qualité du corps, c’est l’impassibilité, ainsi que nous l’apprennent ces paroles de l’Apôtre, Première Epître aux Corinthiens, ch. XV, 53 : “Il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité.” La seconde, comme nous l’apprennent ces paroles de saint Matthieu, chap. XIII, 43 : “Les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père,” c’est la clarté. La troisième est l’agilité par laquelle ils peuvent être rapidement présents où ils veulent. Il est écrit au livre de la Sagesse, ch. III, 7 : “Ils courent avec la rapidité de l’étincelle à travers les chaumes.” La quatrième est la subtilité par laquelle il leur sera donné de pénétrer où ils voudront. C’est ce que dit l’Apôtre dans sa première Epître” aux Corinthiens, ch. XV, 44 : “On sème un corps animal, il ressuscitera corps spirituel.” Que celui qui vit dans les siècles des siècles nous y conduise. Amen.